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Cent millions promis aux Alpes vaudoises

Vaud fixe le cadre d’un «avenir durable» à sa première région touristique. Tous les projets contestés sont écartés, en échange de nouvelles subventions

Glacier 3000. — © Keystone
Glacier 3000. — © Keystone

Cent millions promis aux Alpes vaudoises

Vaud Le canton fixe le cadre d’un «avenir durable» pour sa première région touristique

Tous les projets contestés sont écartés, en échange de nouvelles subventions

En attente depuis longtemps du sort qui sera réservé à leurs demandes de soutien, les Alpes vaudoises savent désormais à quoi s’en tenir. Un montant de 100 millions de francs leur est promis par le Conseil d’Etat pour ces prochaines années, pour les remontées mécaniques, l’enneigement artificiel et l’hôtellerie. Des crédits qui pourront être doublés par des subventions fédérales, souligne le PLR Philippe Leuba, chef du Département de l’économie.

Dans une vision stratégique, «Alpes 2020», présentée en 2013, la région avait énuméré des investissements pour 600 millions, toutes sources de financement confondues.

Le gouvernement vaudois a fait le tri dans ce qui avait été qualifié officieusement alors de «liste du Père Noël». Selon sa version revue et corrigée, le soutien public est axé sur l’amélioration des infrastructures touristiques existantes. Les nouveautés proposées par les stations, qui suscitaient la controverse, sont écartées. «On renonce à la danse des liaisons aériennes», résume la conseillère d’Etat socialiste Nuria Gorrite, responsable des Transports. Les Diablerets semblent avoir déjà fait leur deuil du projet de liaison directe entre le village et Glacier 3000, qu’il faudra donc toujours gagner en partant du col du Pillon. Par contre, Château-d’Œx ne cachait pas sa déception de voir écartée la renaissance de la piste des Monts-Chevreuils, qui n’a pas davantage trouvé grâce auprès du Conseil d’Etat.

«Le tout-au-ski n’est pas l’avenir des Alpes vaudoises», justifie Philippe Leuba, le réchauffement climatique devant pousser les stations vers le «tourisme des quatre saisons». Les abandons de projets confirmés officiellement mercredi tiennent toutefois moins à des doutes sur leur viabilité économique qu’à l’opposition qu’ils suscitent chez les défenseurs de la nature et du paysage.

Si le volet «remontées mécaniques» de cette stratégie a été revu à la baisse, l’Etat n’en est pas moins prêt à mettre 46 millions de francs jusqu’en 2023 pour 21 projets d’amélioration et de développement dans les télécabines et canons à neige.

Cette enveloppe, avec son effet de levier sur les subventions fédérales, permettra de couvrir jusqu’à 75% du coût de ces projets. Elle sera la première à être soumise, prochainement, au parlement vaudois. Si elle est votée, elle mettra fin au moratoire qui bloque depuis quelques années toutes les demandes de crédit dans ce secteur.

Les Alpes stimulent l’imagination du gouvernement vaudois pour sa politique de subvention, «la plus intelligente», selon Philippe Leuba. Pour la première fois, des aides à fonds perdu et des prêts sans intérêts permettront d’aider les hôteliers qui renouvellent leur hébergement vieillissant: jusqu’à 30% et pour un coût estimé de 21 millions. D’autres aides sont prévues pour les projets permettant d’élargir l’offre touristique non hivernale.

En outre, l’Etat expérimente un nouvel outil, le «bonus LAT». Comme les neuf communes alpines sont particulièrement surdotées en zones à bâtir, elles sont incitées à remplir rapidement les exigences de la loi sur l’aménagement du territoire. A condition de dézoner un tiers de ce surplus, certaines subventions pourraient carrément doubler.

Enfin, les 100 millions promis ne comprennent pas le volet transports, sur lequel la stratégie alpine de l’Etat de Vaud met fortement l’accent. Un paquet de 150 millions a déjà été obtenu pour les «petits trains» régionaux, qui bénéficieront d’une dotation supplémentaire de 75 millions pour le matériel roulant et la cadence de la demi-heure est prévue aux heures de pointe, soit un doublement de l’offre. S’il n’est plus question de déplacer la gare des Diablerets, le projet de «hub aérien» étant abandonné, la ligne de Leysin sera en revanche prolongée jusqu’au départ de la télécabine de la Berneuse, qu’on ne peut atteindre aujourd’hui que par la route.

Jean-Marc Udriot, syndic de Leysin et président de la Communauté d’intérêts des Alpes vaudoises, se félicite des décisions annoncées, «le socle qui permettra d’aller de l’avant». Pro Natura, les Verts et le PS ont applaudi la position du Conseil d’Etat.

«On renonce à la danse des liaisons aériennes»