Claude Monet : pourquoi l'un des plus célèbres de ses tableaux a fait forte impression ?

Le mercredi 13 novembre 1872, Claude Monet est en vacances au Havre, la ville de son enfance. Il se met à la fenêtre de son hôtel et il peint ce qu’il voit, c’est-à-dire le port, les bateaux dans la brume et le soleil matinal qui tente de percer un peu le brouillard. Demain, 14 novembre, ce sera son anniversaire, il aura 32 ans.

D’ordinaire, Monet adore peindre la ville, les larges avenues, les poutres de métal, il est un peu le peintre de la révolution industrielle et de la modernité. Mais là, que se passe-t-il ? Au Havre, il peint tout autre chose, une nature en éveil à peine transformée par le travail de l’homme. Ce matin-là, Claude Monet se laissa submerger pas ses impressions, qui vont bouleverser le monde entier.

Le tableau reste presque deux ans dans son atelier et personne n'est autorisé à le voir. Un beau jour, un groupe d’une trentaine de jeunes peintres mal-aimés décide de faire un bras d’honneur au classicisme des Salons officiels pour organiser une exposition indépendante. Ces inconnus s’appellent Cézanne, Degas, Pissarro, Renoir… Et Monet, bien-sûr. Il va donc présenter le tableau dans cette expo moderniste, son lever de soleil sur le port du Havre.

Mais il a un problème : comment nommer cette œuvre dans le catalogue ? Il n'en sait vraiment rien. Il finit par trancher en disant : Impression. Estimant que le titre est trop court, il rajoute alors : Impression, soleil levant. En 1874, quand les portes de l’exposition s’ouvrent, un journaliste écrit, pour se moquer de ces peintres avant-gardistes : "L’Exposition des impressionnistes, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans…". Le journaliste se croit alors drôle et se moque de ce qu’il voit, sans percevoir que c’est en fait le génie qui pointe le bout de son nez. 

Les jeunes impressionnistes ont en fait réinventé la peinture. Ils trouvent d’ailleurs d’ardents défenseurs, des critiques d’art qui sentent cette révolution dans la peinture. Certains adorent et d’autres crient au scandale, au nom du classicisme et des codes. La polémique enfle et va attirer le public. L’exposition sera donc un succès et la carrière de nos impressionnistes est lancée. À l’issue de l’expo, Impression soleil levant a été vendue 800 francs à un collectionneur. Aujourd’hui, la toile peut être admirée au musée Marmottant-Monet, et elle est désormais devenue inestimable.