"Ça schlingue grave !" : pourquoi les punaises envahissent nos maisons à l'approche de l'hiver
Si elles ne font pas la Une des journaux comme les punaises de lit, les punaises empoisonnent la vie des Tarnais chaque automne. C’est notamment le cas de la punaise diabolique, d’apparition récente, qui dégage la même odeur nauséabonde que nos bonnes vieilles punaises des bois.
Elles ne se nicheront pas dans votre literie pour venir sucer votre sang la nuit. Les punaises vertes ou diaboliques ne sont en rien semblables aux très célèbres punaises de lit qui depuis quelques mois font couler beaucoup d’encre. Elles ne s’attaquent pas à l’homme ou à l’animal, mais elles leur empoisonnent tout de même la vie.
Car lorsqu’elles se sentent menacées, ces insectes libèrent des phéromones nauséabondes, pour dégoûter le prédateur potentiel. Une odeur que les plus indulgents qualifient de coriandre ou d’amande amère, alors que certains l’assimilent à la forte odeur de moisi.
Qui sont-elles, ces bestioles qui nous empestent ? Commençons par la punaise verte des bois, une punaise bien de chez nous. Tout le monde la connaît même si personne ne peut la sentir. Palomena prasina se repère par sa couleur verte durant l’été qui vire au brun à l’automne. « C’est insupportable. La nuit j’ai l’impression d’avoir un avion dans la chambre. Elles font un bruit impressionnant qui me tire du sommeil », rapporte Maryse, une sexagénaire de Lavaur. Pour Albert, un quadra de Cadalen c’est un bruit comparable à celui d’un Solex : « Elles tournent en rond et puis se posent de façon débonnaire un peu partout dans la maison : sur un vêtement, un meuble, un mur, une vitre, tout leur sert comme piste d’atterrissage ».
Il n’y a pas que le bruit…il y a aussi l’odeur. « Instinctivement, je les écrase. Et ça schlingue grave ». Le constat de Paul, un Graulhétois qui assure pourtant qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, est partagé par un grand nombre de tarnais. Actuellement, peu sont épargnés par l’intrusion intempestive de la bestiole dans leurs domiciles.
Sa nouvelle comparse, la punaise diabolique a débarqué d’Asie il y a une dizaine d’années. Même taille et même forme, on la différencie à son corps brun avec des taches noires, jaunes et rouges et ses longues antennes. « J’en ai partout : sous un vase, dans les tiroirs, sur l’écran de télé », déplore Janine, cuisinière à Rabastens. Pour elle aussi, il est déconseillé de l’écraser car elle dégage la même mauvaise odeur. « Délicatement, je la fais glisser sur un morceau de papier et ouste dehors ».
Il existe bien des insecticides d'intérieur, mais ces produits chimiques ont d'importants inconvénients, à commencer par les risques d'intoxication. Il reste les remèdes de grand-mère comme un mélange de 400 ml d'eau avec 4 cuillères à thé d'ail en poudre à pulvériser sur les rebords de fenêtres ou tout autre endroit où les punaises sont présentes. Au Moyen Âge cette recette faisait fuir les sorcières c’est pour vous dire son efficacité.
Des samouraïs à la rescousse
Alexandre Bout est entomologiste à l’INRAE Sophia Antipolis de Nice. Il étudie de près la prolifération de la punaise diabolique : « Pour l’homme, elle ne représente pas de danger. Elle ne pique pas. Pour s’en débarrasser, le mieux et de prendre un aspirateur puis de mettre la poche pendant 48 heures au congélateur. La problématique des punaises phytophages a pris beaucoup d'ampleur ces dernières années pour les producteurs de fruits et légumes.
La punaise diabolique est un insecte piqueur-suceur qui cause des dégâts sur les organes végétaux. Les enzymes digestives injectées dans la plante provoquent des nécroses aux abords de la piqûre. C’est un ravageur majeur sur les noisetiers, pêchers, poiriers, pommiers, kiwis, noisetier mais aussi tomate, aubergine ». Pour réduire la prolifération de cette espèce, INRAE a élevé des mini-guêpes : « la guêpe Samouraï (Trissolcus japonicus) parasite les œufs de la punaise diabolique. Les femelles de cette petite guêpe noire pondent dans les œufs de la punaise diabolique et se développent donc au détriment de celle-ci ». les premières introductions de cette guêpe auront lieu en 2024.
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