Polémique liée aux sans-abriLausanne ferme un hébergement abritant 80 Roms
La Ville accueillait des familles depuis l’été en leur fixant un départ au 1er mars. Des associations demandent qu’elles puissent rester, faute d’alternatives.
À Lausanne, les milieux de défense des sans-abri dénoncent la fermeture prochaine d’un hébergement géré par la Ville. À la rue de la Borde, ce vieil immeuble abrite quelque 80 personnes issues de plusieurs familles roms, mais elles devront quitter les lieux dès le début du mois de mars. Le POP et diverses associations annoncent une manifestation samedi 24 février à 15 h à la place Chauderon afin que l’abri soit maintenu dans l’attente d’alternatives.
Situation «impossible»
«Cette fermeture intervient avant la fin de l’hiver et pendant le semestre scolaire. Les familles qui habitent là vont se retrouver dans une situation impossible. Elles ont très peu de chances de trouver un logement rapidement», déclare Titouan Renard, des Jeunes POP. Selon lui, si cet immeuble vétuste n’est pas une solution à long terme, la Ville assume une responsabilité vis-à-vis de ces familles: «Les populations sans abri vivent des réalités très diverses. Dans le cas des Roms, il faut plus de temps et un accompagnement spécifique pour qu’ils puissent sortir de la rue.»
«Nous ne pouvons plus maintenir des personnes dans ce bâtiment, en raison de sa vétusté.»
Du côté de la Ville de Lausanne, la municipale Emilie Moeschler explique: «Cet été, nous avons accueilli dans cet immeuble une soixantaine de personnes en provenance d’autres hébergements d’urgence. Elles ont été informées qu’elles devraient le quitter en mars 2024. Entre-temps, d’autres personnes se sont installées, portant le nombre d’habitants à 80 personnes. Il y a eu des réclamations et nous avons pris des mesures. Nous ne pouvons plus maintenir des personnes dans ce bâtiment, en raison de sa vétusté.»
Problématique «européenne»
Dans le dispositif de la Ville pour les sans-abri, ce sont donc 80 lits – officiellement 65 – qui devraient disparaître. Dès le 1er mars, une autre structure doit certes ouvrir, à la rue de Tivoli, mais avec 42 lits seulement. Des enfants se retrouveront-ils à la rue? Emilie Moeschler assure que non: «S’ils ne peuvent pas être accueillis dans le dispositif d’aide sociale au logement ou les hébergements d’urgence de transition, les femmes et les enfants sont prioritaires dans le dispositif d’hébergement d’urgence.»
Au-delà de l’urgence, la situation de ces familles roms peut-elle être stabilisée avec l’aide de la Ville, comme le demandent les militants? «Oui pour une partie, avec une attention particulière pour les enfants, répond Emilie Moeschler. C’est ce que nous sommes en train de faire. En revanche, beaucoup de ces personnes, qui sont sans permis et sans revenu, continueront à être accueillies dans le dispositif d’hébergement d’urgence. C’est une problématique européenne qui dépasse la Ville.»
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