The Red Bulletin CF 07/21

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SUISSE JUILLET-AOÛT 2021 3,80 CHF

ÇA JOUE OU BIEN ?

Le foot de demain promet d’être tout sauf prévisible : des ballons intelligents, des femmes qui changent la donne, et les USA champions du monde (sans blague) Plus : les 11 thèses visionnaires de Ralf Rangnick

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HORS DU COMMUN


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É D I TO R I A L

BIENVENUE

TOUT SERA DIFFÉRENT LA QUADRATURE DU CERCLE L’illustrateur autrichien primé à de multiples ­reprises, Stefan Stratil, a réalisé les visuels de notre dossier spécial sur le foot de demain.

heures par jour, le temps d’entraînement d’un gamer. Sa vie consiste à jouer et à dormir. Dix faits sur le boom de l’esport. Page 12

LE DESSERT EN ENTRÉE

Cela améliore le bienêtre physique. Du moins pour Robert Lewandowski. Les ­astuces d’auto-optimisation de l’élite des footballeurs. Page 70

Bonne lecture ! La Rédaction

KICK IT LIKE ELTON!

Voici Elton John en 1974, portant le maillot du FC Watford. Mais pour faire son entrée sur scène, le chanteur préfère porter une paire de Gucci. Page 14

GETTY IMAGES

STEFAN STRATIL (COUVERTURE), STUART PATIENCE

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Ce n’est pas un hasard si le buteur Robert Lewandowski se délecte de tartes et desserts en tous genres (voir ci-contre). Ce n’est pas non plus un hasard s’il déguste ces bombes caloriques en entrée, comme coup d’envoi de ses repas. S’il le fait, c’est qu’il a une très bonne raison (rendez-vous page 70 pour en savoir plus). Il s’agit d’un petit changement, certes, mais pointu, dans le monde du football. Cela montre l’importance du détail dans un sport en plein chamboulement. C’est pourquoi nous avons consacré un dossier entier à ces bouleversements, dès la page 45. Mais les changements ne touchent pas que l’univers du foot. Ils concernent tous les sports. À Tokyo, de nombreux athlètes recevront enfin la reconnaissance qu’ils méritent depuis longtemps, comme la cycliste suisse Nikita Ducarroz, pour qui le BMX fut une réelle bouée de sauvetage, à lire page 30.

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CONTENUS The Red Bulletin juillet - août 2021

PORTFOLIO

18 L A MAGIE DES FONDS

Florilège des meilleures ­photos de plongeurs-apnéistes ­réalisées par Franck Seguin.

VÉLO

30 ESPOIR OLYMPIQUE

Comment le BMX a sauvé la vie de Nikita Ducarroz.

46 11 PRÉVISIONS Ralf Rangnick explique ce qui comptera dans le foot à l’avenir. 50 P LANÈTE SUPPORTEURS ! Jane Stockdale leur rend ­hommage en photo. 58 L ES FEMMES EN AVANT Anja Mittag and co ouvrent la voie à la nouvelle génération. 64 F AIRE LE MUR AUTREMENT Petite révolution de la défense sur coup franc. 66 L A VOIE DU SUCCÈS Les USA seront les champions. Voici leur plan quinquennal. 70 B IOHACKING AUTORISÉ Les méthodes des stars pour optimiser leurs performances.

DE LA POP À L’IRE Hannah Reid, la chanteuse de London Grammar, apprécie la diversité.

MUSIQUE

34 L A COLÈRE DANS L’ART

La chanteuse Hannah Reid est plus engagée que jamais.

ESCRIME

36 TRAINING CRÉATIF

Pourquoi Max Heinzer ­s’entraîne à la patinoire.

GRIMPE

38 MON CHER JOURNAL… Consigner ses pensées a ­permis à Petra Klingler ­d’atteindre le sommet.

PERSPECTIVES EXPÉRIENCES POUR UNE VIE AMÉLIORÉE

76 P ERSONAL COACH La hi-tech va tout changer. 80 Q UIZ : QUI A DIT… Haaland ou Drago ?

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STEFAN STRATIL

LE FOOT DE DEMAIN

58 DU FOOTBOT AU PODCAST Anja Mittag, entraîneure du RB Leipzig, repense le foot féminin.

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83 VOYAGE. Le parapentiste Paul Guschlbauer révèle ses aventures le long de la route Red Bull X-Alps. 88 Q UE DU BON ! Conseils, dates et objets de collection. 90 R ED BULL TV. Actu et temps forts de la télévision. 92 B OULEVARD DES HÉROS. Le plus grand sacrifice de Marlene Dietrich.

6 GALERIE 12 L’ADDITION, S’IL VOUS PLAÎT !

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14 OBJET TROUVÉ 16 LE MOMENT PHILO : PLATON

9 6 MENTIONS LÉGALES 9 8 LE TRAIT DE LA FIN

DES HAUTS ET DES BAS Petra Klingler nous ouvre son journal intime avant les JO.

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THOMAS LAISNÉ/CONTOUR, GREG FUNNEL, GIAN PAUL LOZZA, FRANCK SEGUIN

Dossier


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DE LA SURFACE AUX FONDS MARINS Le photographe Franck Seguin suit les apnéistes sous l’eau.

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FORTALEZA, BRÉSIL

Bassin brésilien Ré-ouvrir un parc aquatique rien que pour un pro du wakeboard et lui laisser carte blanche afin qu’il puisse exprimer sa créativité, voilà une belle idée ! Le chanceux rider est le Brésilien Pedro Caldas, à qui l’on a confié le Beach Park de Fortaleza. Il a pris ses aises sur huit de ses attractions, dont le plus grand toboggan aquatique au monde (dans la catégorie tornade), le Vaikuntundo, culminant à 25 mètres de haut. Son compatriote Marcelo Maragni a sorti son maillot pour documenter cette session inédite. Scannez le QR code pour voir le clip


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MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL



LA BALME, FRANCE

DAVYDD CHONG

Elle fait le pont

DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL

Le confinement a mis un frein à bon nombre de nos passe-temps favoris, comme le shopping de produits à bas prix, le visionnage de mauvais films au ciné, et le plongeon depuis une corniche ­rocheuse dans l’eau. Des mois de couvrefeu en Australie ont donné l’envie à ­Rhiannan Iffland, une légende du Red Bull Cliff Diving, de faire au moins l’une de ces choses. Aussi, lorsque l’idée d’une plongée depuis le pont de La Balme (19,5 m), dans le sud-est du pays – shootée par le Suisse Dean Treml – a été évoquée en septembre dernier, elle a sauté sur l’occasion.

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BOVEC, SLOVÉNIE

Ballet dans les nuages Il s’agit de la Polonaise Maja Kuczynska, qui, à 21 ans, fait déjà partie de l’élite mondiale des parachutistes. Avec son compatriote, l’as de la voltige ­Łukasz Czepiela, elle a conçu un spectacle paradisiaque : Red Bull Game of A.I.R. Łukasz exécute les manœuvres du programme de voltige en avion : ­loopings, vrilles, saltos avant et arrière, pirouettes, tandis que Maja les réalise en chute libre. Cela crée une danse entre l’homme et la machine. Ici, Maja, d’excellente bonne humeur, au-­dessus de la couverture nuageuse qui surplombe la Slovénie. Scannez le QR code pour voir le clip


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SAMO VIDIC/RED BULL CONTENT POOL


L’ A D D I T I O N , S ’ I L V O U S P L A Î T  !

LA RÉVOLUTION DE L’ESPORT

La vie est un jeu De gamer à millionnaire ? Rien de plus normal. Les chiffres les plus fous de l’esport : combien d’heures d’entraînement par jour ? Combien gagnent-ils ? Quand prennent-ils leur retraite ?

personnes gagnent leur vie en jouant à Counter-Strike: Global Offensive, le jeu le plus populaire de l’industrie esport.

Plus de 100 millions de personnes assistent au mondial de League of ­Legends. Plus que le Superbowl la même année (98 millions).

millions de CHF remportés par le Danois Johan « N0tail » ­Sundstein, 27 ans, lors des 126 tournois Dota 2.

La date du premier tournoi de jeux vidéo à l’université de Stanford en Californie. Le jeu était Spacewar!, le premier prix : un an d’abonnement au magazine Rolling Stone.

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600

milliard de dollars (910 millions de CHF) : le CA que va réaliser le secteur de l’esport en 2021, soit 14,5 % de plus que l’année précédente.

mouvements de doigts par minute : ce que peuvent réaliser les meilleurs gamers.

ans, c’était l’âge de « Wolfiez » Ashman (RU), lorsqu’il a ter­ miné deuxième de la Fortnite World Cup en 2019, devenant ainsi le plus jeune millionnaire au monde. Sa récompense: 1,14 million de CHF.

heures par jour, la durée moyenne d’entraînement d’un gamer. Âge moyen de la retraite : 25 ans.

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27 800 000

de CHF, c’est la somme investie par le rappeur Sean « P. Diddy » Combs en 2018 dans la plateforme d’esport PlayVS, lançant ainsi une mode chez les stars : Drake, J.Lo et d’autres investissent désormais dans ce secteur.

685

équipes d’esport dans les facs anglaises. Plus que les équipes de foot (662).

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CLAUDIA MEITERT

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495

heures de chaleur fournies par les sachets chauffe-main que les gamers triturent dans la fraîcheur des studios pour conserver leur motricité fine.

6,4

1972

millions de personnes font partie de la communauté esport dans le monde. 223 millions de joueurs pour 272 millions de spectateurs.

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GETTY IMAGES (2), F. SCOTT SCHAFER

2019

13 0 29


Elegance is an attitude Simon Baker

HydroConquest


O B J E T T RO U V É

Reginald Dwight, alias Elton John, a débuté sa carrière il y a tout juste cinquante ans.

Le dernier show Chaussures de scène Gucci de la rock star anglaise pour sa tournée d’adieux Farewell Yellow Brick Road, 2021 En septembre 2018, Elton John entamait, à 74 ans, sa tournée d’adieux mondiale qui devait s’achever en décembre 2020. Mais pour les raisons que l’on connaît, il a dû se résoudre à repousser sa retraite. Les concerts devraient reprendre en septembre en Allemagne (alléluia !) et se prolonger jusqu’en décembre 2023. La totalité de sa garde-robe est signée de la marque italienne Gucci. « Les costumes ont toujours été un élément essentiel de mes spectacles car je suis esclave de mon piano. »

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MIGNOT/NYT/REDUX/LAIF, GETTY IMAGES

ELTON JOHN


Vous aimez la liberté. Il vous donne l’espace nécessaire. Le nouveau Taycan Cross Turismo. Soul, electrified. Démarrez votre prochaine aventure. Lors des Taycan Days du 19 au 26 juin 2021: www.porsche.ch/taycan


L E M OM EN T PHILO

PLATON DIT :

« L’amour est libre et spontané »

Ne cherchons-nous pas tous des partenaires qui correspondent à nos désirs ? Naturellement, et c’est bien pour cela que nous sommes si malheureux. L’éros n’est pas une super glue peralgorithmes mettant de coller deux moitiés aux n’ont rien à voir proportions égales, mais un feu qui s’embrase dans l’altérité du partePour ainsi dire, oui. avec l’éros. naire. Si tout se déroule exactement C’est vous qui le dites. Mes contempoLa seule chose rains, à juste titre, se représentaient la selon vos calculs, il n’y a plus de déà faire, c’est ouvrir veloppement possible. Résultat : un force de l’amour, ou plus précisément couple figé dans l’harmonie. Si, en de la passion amoureuse, comme un son cœur et revanche, vous ressentez de l’amour angelot muni d’un arc et d’une flèche. son esprit. » pour une personne qui ne vous corSelon eux, la flèche d’Éros frappait de respond pas du tout au départ mais manière imprévisible et impérieuse, avec laquelle vous pensez pouvoir mûrir, alors l’éros embrasant une passion affranchie de toute règle ou de vous donne des ailes et vous permet de vous dépasser. tout algorithme; une passion libre, spontanée, comme un enfant en train de jouer. Donc, selon vous, les services de rencontres numériques ne servent à rien? Mais les chances d’être touché par l’amour (ou par Exactement. Les algorithmes n’ont rien à voir avec l’éros, si vous préférez) ne sont-elles pas multipliées l’éros. La seule chose à faire, c’est s’abandonner à la si, grâce à une présélection numérique, on ne rencontre que des personnes qui nous correspondent ? vie, ouvrir son cœur et son esprit à l’inattendu, se laisser toucher. L’éros est une énergie pure et c’est Certes, c’est ce que pensait mon ami Aristophane à qui seulement en l’acceptant que l’on pourra se sentir j’ai fait dire que les humains étaient autrefois ronds vivant, en toute joie et en toute passion. comme des boules que Zeus, dans sa colère, a coupées en deux : et depuis, nous recherchons désespérément PLATON (428 –348 av. J.-C.) est le philosophe le plus influent notre deuxième moitié, la meilleure. Si c’était le cas, de la culture européenne. Ses dialogues, conservés dans leur les algorithmes pourraient effectivement nous aider intégralité, révèlent son grand talent littéraire et sa capacité à à trouver un partenaire. Les personnes prises dans le résumer toute la sagesse de la Grèce antique en une philosofeu de l’éros pourront croire qu’elles n’ont été compléphie. L’Académie athénienne qu’il a fondée a été le centre inteltées que par leur partenaire, mais c’est une impression lectuel du monde antique pendant près de mille ans. trompeuse, en définitive. Vous n’avez peut-être pas encore trouvé votre bonne moitié, cher monsieur Platon.

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CHRISTOPH QUARCH, 56 ans, est un philosophe allemand, théologien, coach en entreprise et auteur de nombreux ouvrages philosophiques. Dernier paru : Platon und die Folgen (trad. Platon et conséquences), éd. J.N Metzler, Stuttgart.

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BENE ROHLMANN

the red bulletin : Une célèbre agence de rencontres en ligne affirme qu’un célibataire tombe amoureux toutes les onze minutes sur sa plateforme. Des algorithmes intelligents évaluent les profils des utilisateurs et déterminent un profil correspondant grâce aux « matching points ». Beaucoup de couples heureux ont, paraît-il, vu le jour de cette façon… Qu’en pensez-vous? Platon : Si je vous comprends bien, vous me demandez si je pense que les actions du dieu que les Grecs appellent Éros peuvent être calculées « Les mathématiquement.

Si vous saviez … mais passons. Voyez-vous, on ne peut pas dire qu’il y a un moment précis où l’être humain est parfaitement accompli ; les chercheurs en neuroscience vous le confirmeront. Nous ne sommes pas les pièces d’un puzzle qu’il suffit d’assembler et tant mieux si ça passe. Le miracle de l’éros, c’est autre chose : c’est une énergie qui vous pousse à élargir et à développer votre potentiel, à mûrir, à choisir une nouvelle vie et à grandir. Répondre en tous points aux attentes et aux désirs de l’autre n’est pas synonyme de relation heureuse et durable. Se soutenir mutuellement pour s’épanouir ensemble, voilà la bonne formule.

DR. CHRISTOPH QUARCH

Pour Platon, le philosophe grec, ce désir universel de trouver le partenaire idéal est totalement surévalué, comme il nous l’explique dans notre entretien fictif sur l’amour et la passion avec le philosophe allemand Christoph Quarch.


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P O RT FO L IO

«  Ces photos d’apnée sont mes projections mentales » Auprès de l’élite de l’apnée, Franck Seguin accompagne des phénomènes passés d’explorateurs de l’inconnu à icônes du monde digital. Texte PH CAMY

L’avenir

Rade de Villefranche-sur-Mer, France, 2006 « L’une de mes premières photos d’apnée. Je rencontre ces champions français, et je veux faire connaître ces aventuriers dans la presse, car quelque chose d’important naît : l’avenir. Je deviens alors ami avec Guillaume Néry. Pour cette photo, je lui ai demandé de porter une combinaison colorée, plutôt que ses vieilles tenues noires habituelles. »

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Le marcheur

Au large de l’île Maurice, océan Indien, 2017

« Le projet One Breath Around The World : deux ans de par le monde à la rencontre de gens et de lieux d’exception. Ici, à 20m, Guillaume marche au milieu de ce groupe de femelles et de jeunes cachalots. Le cachalot est l’apnéiste du monde animal le plus performant, avec des apnées atteignant 90 min et des descentes vertigineuses à plus de 3000m de profondeur. »

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Superhéros

Îles du Frioul, Marseille, France, 2015

Un extraterrestre

Cénote Angelita, Yucatán, Mexique, 2018

« Pour le double champion du monde Morgan Bourc’his, qui a commencé par être enseignant, les autres comptent beaucoup. C’est un mec extraordinaire, d’une extrême bonté, aux capacités physiques hors-normes. Ce pote que tu rêverais d’avoir, avec lequel rien ne peut t’arriver. Je l’ai toujours vu comme un superhéros. Ça va bien avec cette photo. »

« Guillaume Néry dans un nuage de sulfure d’hydrogène, une réaction chimique entre l’eau douce, l’eau de mer et la putréfaction des arbres qui tombent dans ces rivières sous-marines depuis la surface de la jungle. Il paraît décontracté, mais il est à 30 m de fond, et nous sommes au milieu de la jungle, à près de 5 h de piste de quoi que ce soit. »

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Le Mbappé de l’apnée ?

Rade de Ville­ franche-sur-Mer, France, 2021 « Celui qui devrait être la future grande star, Arnaud Jerald. Un mec moderne, branché, très performant. Il vient de loin, car il a souffert de dyslexie et de dyspraxie étant jeune, et aujourd’hui c’est un peu un Kylian Mbappé de l’apnée. Son image, ou son esprit, se multiplie dans l’eau, avant qu’il ne bascule dans l’autre monde, à 111 m. »

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Bienveillance

Tahiti, Polynésie française, 2019 « Arnaud Jerald à gauche, Guillaume Néry à droite. Le jeune prodige et le Master – des rôles que les deux plongeurs acceptent bien volontiers. Entre les apnéistes français, ça n’est que de la bienveillance et de l’entraide. C’est une photo un peu symbolique, mais on ne va pas parler de passation, parce que Guillaume, l’aîné, reste le leader mondial incontesté, c’est un extraterrestre. »

Cosmique

Rade de Villefranche-sur-Mer, France, 2020 « Néry dans l’espace. Avec cette photo, j’ai l’impression d’avoir réussi à retranscrire un aspect cosmique du fond de l’eau. Dans un site et avec un apnéiste que je connais très bien, je me suis attaché à trouver des bleus différents, à me renouveler. »

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Un dessin

Tahiti, Polynésie française, 2019 « Guillaume (droite) toujours ravi d’embarquer Arnaud (gauche), ce champion qui prend son envol, dans un projet ou une virée. L’idée de cette image, c’était de voir le jeune prodige évoluer avec le grand champion, dans un instant complice. Cela rappelle les bandes dessinées d’aventures, avec l’épave d’avion, et les poissons à leurs trousses. Ça pourrait être un dessin. »

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LE PHOTOGRAPHE « L’apnée évolue rapidement, et sa pratique explose à travers le monde. On est loin du Guillaume en lunettes de piscine, qui ouvre ce sujet ». L’apnée, Franck Seguin (photojournaliste, et responsable de la photo à L’Équipe) la documente depuis 15 ans, à son top : des Français pour la plupart, dont l’icône planétaire, Guillaume Néry. « Quand j’ai connu ces mecs, c’était des aventuriers, des leaders qui exploraient un monde inconnu », se souvient Franck Seguin. Désormais, le monde digital relaye volontiers les performances et exploits esthétiques de ces champions, et Franck n’est jamais loin. Notamment dans la fameuse rade de Villefranche-sur-Mer, lieu historique de l’apnée. Mais pas pour engranger les followers sur les réseaux sociaux. « J’essaie de raconter des histoires, de documenter les ­aventures de champions reconnus ou de jeunes prodiges car je suis avant tout photojournaliste. Mon métier, c’est d’informer. » Instagram : @franckseguinphoto

L’apnée

Rade de Villefranche-sur-Mer, France, 2006 « Cette photo, c’est l’apnée. L’inspiration avant de plonger, ou la première goulée d’air en revenant à la surface… Ce genre d’image n’existait pas à l’époque. Quinze ans se sont écoulés, et désormais, avec des talents comme Arnaud Jerald, je documente le futur. Avec lui et ses aînés, dont Guillaume Néry, ici, nous avons d’autres histoires à raconter. »

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Vélo

Nikita Ducarroz, 24 ans, est l’un des plus grands talents du BMX en Suisse et un espoir pour les JO de Tokyo. Sa tendance à la dépression ne lui a pas porté préjudice, au contraire. Entretien WERNER JESSNER  Photo LUIS CASANOVA

À 12 ans, Nikita a décidé qu’elle ne monterait plus jamais dans un avion, même si cela impliquait qu’elle ne pourrait plus retourner voir ses grands-parents à Genève. Ses parents – père suisse, mère américaine – ont toujours veillé à ce que leur fille ait des contacts avec les deux côtés de la famille. Nikita vivait à Glen Ellen, au nord de San Francisco et y était scolarisée, mais elle passait ses étés en Suisse, et la famille parlait français à la maison. Cette époque était révolue. Certains jours, Nikita n’arrivait même plus à sortir de sa chambre tant elle broyait du noir. Elle s’asseyait face à son ordinateur et passait son temps sur YouTube. Un jour, elle est tombée par hasard sur une vidéo de BMX freestyle. Cela lui a plu. S’il y avait bien une chose qu’elle avait toujours aimé, c’était faire du vélo. Ça remontait à la fois où elle était partie faire du camping avec ses parents : elle s’était construit de petits tremplins dans la forêt et s’amusait à sauter par-dessus. En plus, le BMX présentait un avantage certain par rapport au foot qu’elle avait pratiqué plus jeune : c’était une activité qu’elle pouvait faire seule, en tête-à-tête avec sa rampe en bois, sans avoir ­besoin de parler à personne.

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Elle s’était déjà essayé à tant d’autres choses avant qui l’avaient rapidement lassée. Mais cette fois-ci, c’était différent. « J’ai une capacité d’attention très réduite. Mais avec le BMX, il y a toujours quelque chose de nouveau à essayer et il n’y a pas de limites à l’amélioration. C’est ce qui m’a aidée à persévérer. » Sans parler, bien sûr, de la satisfaction d’avoir appris un nouveau trick et de réussir à le rentrer : « C’est une sensation tellement agréable qu’on voudrait la revivre encore et encore. »

Nikita fait partie de ces gens qui ont du mal au début.

Se lever. Démarrer. Et cela n’a pas changé. Il lui arrive encore d’avoir des blocages, et dans ces cas-là, elle se murmure à elle-même que ça ira mieux une fois qu’elle se sera lancée. Les routines l’aident à faire ce premier pas, après quoi les choses deviennent plus faciles. Ne pas réfléchir, agir. En mode automatique. Le talent de Nikita, couplé à l’ambition dont elle fait preuve à l’entraînement, l’ont rapidement amenée à participer à des compétitions, ce qui lui a posé quelques problèmes : l’obligation de voyager. De rencontrer des inconnus. De sortir de sa chambre d’hôtel. « Ce qui me rend le plus heureuse, c’est quand je peux rider sans pression dans un park trop cool. » Mais alors pourquoi s’infliger la pression des compétitions ? Et devenir la première (et la seule) participante

À 19 ans, Nikita Ducarroz est remontée dans un avion.

Pour la première fois et, à sa grande surprise, elle a découvert le bonheur de se balader par monts et par vaux : « Ce qui me plaît le plus dans ma façon de vivre, c’est que ça m’a permis de me faire des amis aux quatre coins de la planète. Le BMX, c’est comme une grande famille. Même si on est en concurrence, chacun ride autant pour lui-même que pour une cause commune : promouvoir notre sport. » Et personne ne le promeut autant que notre Américano-Suisse aux cheveux bruns, avec ses deux nationalités et sa licence helvétique. Si elle s’est installée en Caroline du Nord, c’est parce que là-bas, elle a trouvé la meilleure communauté et les

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ROBERT SNOW/RED BULL CONTENT POOL

« Le BMX m’a sauvé la vie »

suisse en BMX aux Jeux olympiques, en plus ? « De la pression, il m’en faut quand même un minimum, admetelle. C’est ce qui m’aide à me lever le matin et à enfourcher mon vélo. À ne pas m’arrêter. C’est important de se dépasser et de faire des choses qu’on n’a pas vraiment envie de faire – comme prendre l’avion par exemple. » Chaque fois qu’elle s’est blessée et qu’elle n’a pas pu rider, elle s’est rendu compte à quel point cela lui manquait. C’était comme si on la privait du médicament dont elle avait besoin pour être heureuse. Et au passage, elle a réalisé qu’il n’y avait pas que cela qui lui manquait, qu’il y avait d’autres choses qu’elle aimait, qu’elle adorait, même : ses potes avec qui elle traîne et s’entraîne. L’excitation avant les contests, le sentiment d’avoir réussi, l’euphorie après un ride qui s’était déroulé exactement comme elle l’avait prévu. Voyager. Oui, oui, voyager.


«  Le BMX, c’est comme une grande famille. » Nikita Ducarroz sur ce qu’elle apprécie le plus dans son sport.

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Nikita Ducarroz est rarement a­ ussi détendue et heureuse que sur son BMX.

­ eilleures opportunités qui soient. m « Avant, je roulais deux, trois, quatre jours par semaine, maintenant, c’est tous les jours sans exception. Même si je ne me donne pas forcément toujours à fond, cette routine quotidienne évite à mon cerveau de retomber dans ses vieux travers. Un petit-déj’ et hop, je pars rouler. » Rien d’étonnant à ce qu’elle fasse des progrès. « Quand on voit un enfant tous les jours, on ne se rend pas compte qu’il grandit. C’est seulement quand on ne l’a pas vu depuis un moment qu’on le remarque. C’est pareil pour ma façon de rider : dans mon groupe d’entraînement, on grandit tous au même rythme. » Le dernier contest auquel elle a participé, c’était en 2019. Comment a-t-elle résisté mentalement à ce break imposé ? « Je me suis efforcée de ne pas y penser en faisant des choses auxquelles je n’ai pas de temps ou presque à consacrer d’habitude : du yoga. Lire. J’ai dressé une liste des choses que j’ai envie de faire quand la compétition reprendra. Il a fallu que je garde mon cerveau occupé pour ne pas sombrer dans la dépression et j’ai misé sur des distractions qui pouvaient m’aider en vue des Jeux olympiques. » 32

Nikita Ducarroz est entrée dans la cour des grands.

Pour la première fois, le BMX fera partie des disciplines olympiques et le monde entier aura les yeux rivés sur elle. Mais si elle s’est mise au BMX, c’est parce qu’elle pouvait le pratiquer toute seule et qu’il n’y avait personne pour l’observer. « C’est quelque chose que j’arrive un peu mieux à gérer maintenant – probablement aussi grâce à ma routine. Il y a des jours où je suis au fond du trou et où je dois me rappeler d’agir en professionnelle. C’est quand même de ma carrière qu’il s’agit. »

« Je ne me suis jamais sentie aussi bien. »

Comment sa vie aurait-elle tourné sans le BMX ? « Je serais probablement toujours assise dans le noir à ne pas faire grand-chose. » Et elle aime toujours autant rester assise : « Ce sont mes amis qui me traînent dehors. Et il faut que je sache à l’avance où on va et pour combien de temps. » Quand Nikita Ducarroz pense à Tokyo, elle ressent un mélange de joie et de stress. « De la joie parce que j’aurai la chance d’y être, et du stress parce que ce sont les Jeux olympiques. La vérité, c’est qu’aucun d’entre nous ne sait à quoi s’attendre parce que ce seront nos premiers Jeux à tous. Encore une chose qui peut devenir un facteur de tension. » Elle sera nerveuse, forcément, préditelle. « Je ne suis pas particulièrement compétitive. Battre les autres, ça ne m’intéresse pas vraiment. Mais je suis dure et j’ai des exigences élevées envers moi-même. » Nikita sait comment elle réussira à gérer tout cela. « À chaque contest, je trompe mon cerveau en me répétant que c’est simplement une session de ride avec les mêmes personnes que d’habitude. Et que je peux le faire. Que je me prouve chaque jour que j’en suis capable. » Elle est du genre à penser beaucoup trop, déplore-t-elle. Mais il y a une chose que Nikita a apprise au fil des ans : les heures et les minutes qui précèdent chaque ride sont les pires. Dès qu’elle s’élance dans le half-pipe, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, elle est dans son élément. Il n’y a rien pour la distraire, aucun mur noir qui se dresse devant elle. Elle est totalement concentrée sur elle-même. Plus que la plupart. Et en ce moment, la jeune femme de 24 ans est au top de sa forme : « Franchement, je ne me suis jamais sentie aussi bien. » On est loin du discours d’une ­personne qui aurait peur de sortir de chez elle. Instagram  : @nikita.ducarroz THE RED BULLETIN

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Vélo



Musique

Comment Hannah Reid, 31 ans, chanteuse du groupe d’indie pop London Grammar, transforme sa colère contre les hommes au pouvoir en une musique étincelante. Texte STEPHANIE PHILLIPS  Photo WILL REID

Lorsque nous rejoignons Hannah Reid dans sa maison de l’ouest de Londres, elle nous explique comment elle et son groupe ont tiré profit du confinement : « Au lieu de faire une tournée, nous avons été créatifs. Nous avons beaucoup écrit et travaillé sur un quatrième album. » C’est une surprise, car le troisième album de London Grammar vient tout juste de sortir. Californian Soil est une suite cohérente de chansons habilement conçues qui traitent de la misogynie toxique, de la fin du rêve américain et de l’évolution personnelle de Reid. Les morceaux affichent davantage de confiance en soi que ceux des albums précédents. La musicienne trentenaire attribue cette nouvelle assurance à son âge, à ses expériences et à l’inspiration insufflée par une nouvelle génération d’artistes féminines. the red bulletin : Vous avez connu la célébrité assez jeune. En quoi cet état de choses vous a influencé sur le plan personnel ? hannah reid : Nous avons obtenu notre premier contrat d’enregistrement lorsque j’avais 21 ans et cela m’a certainement transformée sur le plan personnel. L’industrie musicale est un milieu vraiment sans merci. Elle est complètement dominée par

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les hommes, et le simple fait d’évoluer dans cet environnement s’est avéré un changement radical pour moi. Quand vous rencontrez le succès, une foule de personnes que vous ne connaissez même pas a tout à coup une opinion sur vous et votre travail. Vous courez le risque de perdre le sens de ce que vous êtes. Mais je pense que je l’ai retrouvé avec le troisième album. J’ai beaucoup changé en tant que personne, et on retrouve aussi une énergie différente derrière ma musique et mes textes. L’album est plutôt pop selon nos standards, mais certains textes sont plus sombres et agressifs que d’habitude. L’assurance est-elle venue avec l’âge ? Sur le premier album, j’étais en fait très perdue et vulnérable, comme beaucoup de jeunes au même âge. Sur le second, je me cachais derrière les paroles. Maintenant, j’assume. C’est : « Je dis ce que je veux. » Vous avez mentionné que vous considériez cet album comme ­féministe… Les paroles le sont certainement. J’ai vécu des expériences marquantes en tant que femme dans l’industrie musicale. Quand je rentrais chez moi et que j’en parlais à mes amies, je réalisais qu’elles

Pensez-vous que le mouvement #MeToo aura un effet durable sur l’industrie musicale ? #MeToo est semblable à Black Lives Matter – ce mouvement a poussé les gens à s’interroger et à réfléchir. Même des hommes très bien avec lesquels j’ai travaillé m’ont dit : « Je n’avais pas du tout réalisé que les femmes ressentaient ça. » #MeToo fut un énorme pas en avant. Vous inspirez-vous réellement d’autres artistes féminines ? J’aime toutes les formes d’art créées par des femmes qui traitent de la conscience de nos propres forces et de la prise en charge de nos vies. En ce moment, une nouvelle génération d’artistes féminines comme Arlo Parks et Billie Eilish montre la voie à suivre. Elles sont nettement plus jeunes que moi, mais elles sont maîtresses de leur carrière et disent ce qu’elles ont envie de dire. Cela m’a beaucoup aidée. Votre nouvelle confiance en vousmême vous fait-elle songer à entreprendre une carrière solo ? Il existe une magie entre nous trois, au sein du groupe, que j’apprécie grandement. Peu importe la manière dont la musique change d’un album à l’autre, nous avons toujours évolué en tant que trio. C’est fascinant d’en faire partie. Je me vois peut-être un jour écrire un album de country vraiment obscur et tragique que personne n’écoutera probablement. Mais c’est encore loin. L’album Californian Soil de London ­ rammar est sorti au printemps. G

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WILL REID/CONTOUR BY GETTY IMAGES

« #MeToo fut un énorme pas en avant »

avaient toutes vécues les mêmes choses même si elles n’évoluaient pas du tout dans la même sphère. C’était décevant. Je me disais : « Wahou, le monde n’a pas évolué comme je le pensais. »


« Les artistes comme Billie Eilish me donnent un nouveau courage. » Hannah Reid s’inspire d’une génération d’artistes féminines émergente qui ont confiance en elles.

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Escrime Max Heinzer, 33, en tenue d’escrime: 3e tentative aux JO.

Le pouvoir de la créativité Il domine ses adversaires avec des attaques uniques, s’entraîne dans une cage de hockey : l’escrimeur Max Heinzer redouble d’idées pour enfin remporter l’or olympique. Texte HANNES KROPIK

Au moment décisif, Max Heinzer n’hésite pas une seconde : déterminé, il bondit en avant, dévie le fer de son attaquant, déploie son corps, coupe soudain le mouvement de son bras droit et laisse les forces de la physique travailler pour lui. Son épée se courbe brusquement « et d’un vif mouvement du poignet, je produis l’impact nécessaire ». La pointe touche le dos de son adversaire pris de court. Triomphant, le Suisse de 33 ans lève les bras au ciel. Cette attaque aussi périlleuse que spectaculaire, le back flick, est 36

devenue la marque de fabrique de l’épéiste, 17 fois médaillé aux championnats du monde et d’Europe. Une technique qui rappelle une certaine scène de Troie, le blockbuster hollywoodien de 2004, où l’on voit Brad Pitt, alias Achille, ne faire qu’une bouchée d’un terrible colosse de la même manière, ce qui fait bien rire Heinzer. « Je n’ai pas essayé de copier Brad Pitt. J’étais encore un ado à l’époque, mais ce tour, je l’ai appris tout seul pour tromper mon ennui », nous explique le champion helvète, seizième, et premier Suisse, au

c­ lassement mondial. « J’avais cinq ans quand je me suis mis au fleuret, une discipline où les touches ne sont valables que dans la zone du tronc. À 13 ans, je suis passé à l’épée et là, les touches sont autorisées de la tête aux pieds. Je trouvais que cela manquait de piment, alors j’ai cherché des moyens de vaincre mes adversaires à la dure. » L’escrime encourage et stimule la créativité. Heinzer se prépare aux JO dans un centre sportif ultramoderne, l’OYM de Cham, où s’entraînent également les joueurs de hockey sur glace de l’EV Zug. « On me permet d’utiliser un appareil qui tire des palets sur le gardien. Forcément, c’est un peu bizarre de voir un escrimeur équipé de pied en cap dans les buts, explique-t-il, mais j’ai constaté que quand des palets me foncent dessus à 85 km/h et que j’arrive, au prix de gros efforts, à les repousser l’épée au poing, j’améliore mon temps de réaction et je gagne en sérénité. » Espérons que ce sera également le cas lors des Jeux olympiques où il a une revanche à prendre, ayant échoué en huitième de finale lors de ses débuts en 2012 face au Vénézuélien Rubén Limardo, qui remportera l’or. En 2016, à Rio, ses rêves de gloire sont de nouveau brisés en quart de finale par le futur champion olympique, le Sud-­ Coréen Park Sang-young. Max Heinzer avait prévu de poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux de 2024. Mais les circonstances provoquées par la pandémie pourraient l’amener à prolonger, lui qui a été sélectionné pour Tokyo en individuel et par équipe. Cependant, une chose reste sûre, comme le ­déclare fermement Max Heinzer : « À Tokyo, je vais tout donner ! » Instagram : @maxheinzer THE RED BULLETIN

VALERIANO DI DOMENICO/RED BULL CONTENT POOL

« Je voulais vaincre mes adversaires à la dure. »


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Grimpe

ELLE SE HISSE AU SOMMET Petra Klinger aux Championnats du monde à Hachioji, au Japon.

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La championne du monde suisse de bloc, PETRA KLINGLER, 29 ans, tient un journal intime depuis des années. Elle nous révèle les 12 entrées qui l’inspirent le plus, et lui donnent une force mentale pour Tokyo.

Toujours plus haut

GETTY IMAGES

Texte WOLFGANG WIESER


Grimpe

7 septembre 2020

Concentre-toi

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17 septembre 2020

Souviens-toi des bons moments C’était une journée où tout lui avait réussi. Impossible à rater dans son journal : le 17 septembre est marqué d’un « SUPER STRONG » écrit en lettres rouges. Avec un gros smiley souriant juste à côté. « Deux petits mots, juste pour me rappeler tout ce qui a bien marché ce jour-là. Et plus généralement pour me souvenir des belles choses. Quand je suis sur le point de tomber dans une spirale de pensées négatives, je peux me raccrocher à mon journal et y puiser de la force. Ça m’aide aussi à garder mon sang-froid dans des moments critiques. »

26 septembre 2020

Sois bienveillante avec toi-même Un chiffre écrit, entouré et auréolé de dix petits rayons : « 8,71 sec ». C’est le jour où Petra a établi un nouveau record de vitesse pour la Suisse (record qu’elle battra elle-même, deux mois plus tard, pour atteindre 8,598 secondes). « Ça souligne ce que j’ai dit auparavant : à l’entraînement, je n’avais pas réussi à faire cette voie de vitesse, je tombais à chaque fois. Et là, je réussis à battre un record. La compétition, c’est vraiment mon truc. Il faut juste que j’apprenne à être davantage bienveillante avec moi-même. »

« À chaque fois que j’écris ou que je relis mon journal, ça m’aide à recharger mes batteries. » 9 janvier 2021

Lance-toi de nouveaux défis

PAGES MANUSCRITES C’est ainsi que Petra conserve et trie ses pensées.

« Un jour important : réunion avec mon équipe. J’ai écrit la liste de tous mes rendez-vous pour l’année. On savait évidemment que ça n’allait pas être une année normale. Mais on s’est dit qu’on allait se préparer comme on l’avait fait auparavant. La réunion se déroulait en ligne, bien sûr, la preuve que ce n’était pas tout à fait normal, ou plutôt : c’était la nouvelle normalité. Le Let’s do it ! que j’ai écrit, il faut le voir comme une incitation à ne pas perdre courage, comme un coup de boost. » THE RED BULLETIN

GIAN PAUL LOZZA

’ L

écriture de Petra Klingler est souple, toute en rondeurs et légèrement inclinée vers la gauche – comme si les lettres avaient voulu s’étirer une dernière fois avant de se coucher tranquillement sur le papier. Ses g et ses y se terminent en de gracieuses volutes et les mots en majuscule sont souvent suivis de points d’exclamation encourageants ou de petits soleils rayonnants : « SUPER STRONG ! », ou « Sentir le rythme –> Tam ta tam tam… » Son journal, Petra l’a commencé à la fin de l’année 2014 « comme un soutien mental » selon ses mots, et aussi « comme une aide pour mieux [s’] organiser et analyser. » Mais elle écrit avant tout pour une raison : se souvenir. « J’avais souvent l’impression de ne pas m’être assez entraînée. Alors que j’avais juste oublié tout ce que j’avais fait ! À présent, je peux le vérifier grâce à mes petites notes. » Le journal lui sert aussi à consigner toutes sortes de pensées positives, ce qu’elle a dû d’abord apprendre à faire : « Ça n’a vraiment pas été facile. J’ai eu beaucoup de difficultés, au début, à trouver trois choses positives à dire sur ma journée. Ces dernières années m’ont appris à reconnaître aussi les petits succès du quotidien. »

Une phrase tirée de son carnet : « Tout donner & utiliser le temps qu’on a ! FAIRE CONFIANCE À MES SENSATIONS DE MOUVEMENT ! » Pourquoi avoir écrit ça ? « Ce jour-là, l’entraînement ne s’était pas très bien passé et j’avais envie, en écrivant ça, de me rappeler le fait que ce n’est pas l’entraînement qui décide d’une victoire, mais la compétition. J’ai aussi appris que je dois avant tout me concentrer sur moi, sur ce que je fais, et non pas sur les autres athlètes qui m’entourent. »


« Je suis compétitive de nature. Mais je dois apprendre à être plus tendre avec moi.» Petra, tout sourire, n’est jamais aussi ­détendue que devant un mur… à escalader.


TOUT EST SOUS CONTRÔLE

Il faut parfois descendre et reculer un peu pour pouvoir mieux s’élever.

5 février 2021

Accepte les jours où tu montres des faiblesses « … et pourtant, ça me préoccupe encore pendant des jours », écrit Petra en ce début d’année 2021. Ce qui la tourmentait : « Nous avions prévu de faire un entraînement de vitesse avec notre coach à distance, par vidéo. J’avais une idée de ce que je voulais faire, et je pensais plutôt aux aspects techniques. Mais mon coach a juste dit : “Vas-y !” Je n’ai pas réussi à bien grimper et ça m’a frustrée. Je voulais répondre aux attentes, utiliser à fond tout le temps que j’avais avec lui, mais je n’avais tout simplement plus assez d’énergie. Or, j’ai eu du mal à le reconnaître. Et puis en relisant dans mon journal ce que j’avais fait durant la semaine, je me suis rendue compte que je m’étais entraînée comme une dingue. C’était donc tout à fait normal que je n’en puisse plus. C’est grâce à mon journal que j’ai pu reconnaître et accepter le fait que j’ai le droit d’être fatiguée. »

« Grâce à mon journal, j’ai pu reconnaître et accepter le fait que j’ai le droit d’être fatiguée. » 42

6 février 2021

9 février 2021

Grimpe à ton rythme

Réjouis-toi des bons jours

« Le jour d’après. Je l’ai pris comme exemple pour montrer ma façon de me motiver. J’y ai noté trois points positifs de la journée : “Nouveau jour, nouvelle énergie”, “Me suis laissé le temps, gros efforts mais sans stress” et “Ai fait mon truc”. Et la petite ampoule qui rayonne à côté, c’est pour me rappeler les trois choses que j’ai apprises : “Détendue dans les épaules”, “Fermer la main au bon moment” et “Sentir le rythme –> Tam ta tam tam…” C’est ce que je fais avant de grimper : je n’apprends pas toujours les mouv’ sur un mur en les visualisant, mais aussi en calquant un rythme sur eux. Et j’imagine dans ma tête quel rythme ça pourrait créer, si je les enchaînais. »

« Une difficile mais belle journée d’entraînement », avec un smiley. « Il n’en faut parfois pas plus : être contente, tout simplement. Pas besoin de longues explications. Je suis satisfaite de ma journée, et ça me suffit amplement. » 27 février 2021

Fais-toi confiance Après une chute à l’entraînement, ­Petra réussit ce jour-là à repartir très vite à l’attaque. « CROIRE EN MOI » : c’est ce qu’elle a écrit alors dans son journal. « Il fallait que je me rende compte que je devais me faire confiance, notamment sur certains ­enchaînements. Souvent, j’arrive mieux à les ressentir qu’à les comprendre logiquement. C’est mon corps qui me dit ce que je dois faire. » THE RED BULLETIN


Grimpe

« Soudain, j’étais la numéro un. C’était un rôle dans lequel je ne me sentais pas à l’aise. »

10 avril 2015

Accepte ce qu’il t’arrive

J’Y SUIS PRESQUE

La corde entre les dents, les bras en pleine action, le but est en vue…

8 mars 2021

GETTY IMAGES, GIAN PAUL LOZZA

Être ouverte aux alternatives « Ressentir les mouvements. » Le lendemain d’une compétition, Petra réfléchit à la façon d’aborder un bloc en particulier et quelles prises d’élan elle peut ­réaliser pour arriver jusqu’au bout. Elle a vu une autre athlète l’aborder différemment. « Il y a tellement de possibilités pour grimper une voie. C’est pour cette raison qu’il est crucial de rester ouvert à de nouvelles solutions qui pourraient peut-être s’avérer meilleures que les autres. »

THE RED BULLETIN

27 février 2015

Sois consciente de ce que tu as encore à apprendre Retour en arrière. Cela fait à peine trois mois que Petra a commencé à tenir un journal de bord. Ce jour-là, il y a six ans (déjà), elle écrit : « L’entraînement n’est pas là pour te montrer à quel point tu es forte, mais pour te ­révéler tout ce que tu peux encore apprendre. » La grimpeuse suisse aime feuilleter ses carnets, des années après, pour se remémorer tout le chemin parcouru : « Ça m’aide à avoir un vrai feedback sur moi-même : je vois mes progrès, et le fait d’écrire tout cela de ma propre main va créer un véritable engagement, parce qu’on ne peut plus l’effacer. Ça reste. »

Petra dessine au stylo noir une grosse flèche suivie d’une phrase, écrite comme à son habitude à l’encre bleue, mais surlignée au marqueur orange : « Je suis une leader & on a le droit de compter sur moi. » Comment comprendre cette phrase ? « Deux grimpeuses venaient d’arrêter leur carrière et je me suis donc retrouvée propulsée à la première place. C’était une position qui me mettait mal à l’aise, parce qu’il y avait tout à coup beaucoup plus d’attentes à mon égard et que je sentais davantage de pression de l’extérieur. Je ne pouvais plus faire mon truc tranquillement, dans l’ombre des autres. J’ai eu du mal à accepter cela, et cette phrase symbolise en fait le premier pas dans la bonne direction. » 26 juin 2015

Sois heureuse, tout simplement « Haiyang » : elle a écrit ce mot en repassant plusieurs fois sur les traits, en le soulignant et en l’entourant de ses petits smileys fétiches. Et puis ces quelques mots : « Super cool, concentrée & centrée sur ce que je faisais », « Bien senti comment me déplacer ». Pas d’autre commentaire. C’est pourtant le jour où Petra Klingler a remporté, dans cette ville de Chine, sa première Coupe du monde. « J’étais stupéfaite – et puis à un moment donné, il faut arrêter d’analyser. »   43


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19 SEPTEMBRE, LAUSANNE


Dossier

LE FOOT DE DEMAIN…

sera autre. Découvrez ici l’intérêt qu’ont les joueurs pros à former leur cerveau au piano, pourquoi le foot féminin arrive (enfin) en prime time à la télé, et la raison pour laquelle Messi est plus près qu’on ne le croit de marquer ses derniers buts sur coup franc. Mais pas d’inquiétude : le ballon sera toujours rond… rondement hi-tech.

STEFAN STRATIL

46 L’ESPRIT MÈNE LE JEU 50 LES FANS DONNENT LE TON 58 LES FEMMES CHANGENT LA DONNE 64 DES MURS D’INGÉNIOSITÉ 66 LES USA CHAMPIONS DU MONDE 70 LE BIOHACKING SERA LA NORME 76 PCC : PERSONAL COACH COMPUTER 80 LE SILENCE EST CULTE

THE RED BULLETIN

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Ce visionnaire est le cerveau derrière le succès du Red Bull Salzburg et du RB Leipzig. De la provocation victorieuse à l’échec de la Super League en passant par la taille des gardiens, RALF RANGNICK, 62 ans, tacle 11 questions sur l’avenir du foot.

QUAND L’ESPRIT MÈNE LE JEU

À QUOI RESSEMBLERA LE FOOT DE DEMAIN ? Entretien : Christian Eberle-Abasolo Photos : Philipp Horak

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THE RED BULLETIN


Dossier foot

1. Dans dix ans, quand j’assisterai à un match de la Ligue des Champions, quelles seront les différences les plus frappantes ?

Ces dernières années, le foot est devenu un sport de grande vitesse et ce n’est pas fini. La précision, la justesse des passes et la rapidité des prises de décision augmentent constamment : les joueurs n’ont presque plus le temps ni l’espace nécessaire pour réceptionner un ballon calmement. Avant, on pouvait encore entendre des phrases d’experts du genre : « Il faut quelqu’un pour ralentir le jeu, pour poser le pied sur le ballon. » Essaie donc de faire ça aujourd’hui contre une grande équipe : tu te feras bouffer tout cru.

2. Les performances physiques ont augmenté constamment ces dernières décennies. Peut-on rendre les jeunes joueurs encore plus performants ?

En termes de performances, on ne verra plus d’évolutions transcendantes, mais la prévention des blessures va prendre de l’ampleur. Le suivi des données permet à nos entraîneurs de déterminer le degré d’intensité d’une séance d’entraînement de manière précise et de juger le bon moment pour faire une pause. C’est là que le diable se cache, dans les détails. À l’avenir, on va mettre l’accent sur le concept train the brain, autrement dit l’entraînement cognitif : provoquer les joueurs et les faire sortir de leur zone de confort, leur imposer des conditions de jeu difficiles et leur faire prendre des décisions dans un espace restreint et sous pression. Par exemple, nous avons fait installer un compte à rebours sur un terrain d’entraînement : dix secondes pour marquer un but, huit pour récupérer un ballon perdu, le tic-tac qui résonne constamment en arrière-fond. Une situation inédite et insupportable pour les joueurs. Mais c’était justement l’effet recherché, ce fameux train the brain : jouer avec leurs nerfs pour les faire changer de comportement. THE RED BULLETIN

« L’avenir est au coaching du cerveau qui fait sortir les joueurs de leur zone de confort. » L’artisan du succès : Ralf Rangnick a mené Hoffenheim et RB Leipzig en Bundesliga en tant qu’entraîneur. Il a été directeur sportif à Leipzig et à Salzbourg et est considéré comme l’un des pères du pressing game.

3. Y aura-t-il encore des joueurs qui feront les quatre-cent coups en dehors du terrain ?

Il y en aura toujours, bien entendu, mais ils ne tireront pas le meilleur parti de leur carrière. Pendant longtemps, une opinion répandue chez les entraîneurs et les experts de la télé était qu’« il faut bien quelques salopards dans l’équipe qui boudent les entraînements et passent leurs nuits à boire comme des trous. » Ce genre de joueurs n’a plus aucune chance aujourd’hui. Ce serait comme si Max

Verstappen essayait de gagner une course de Formule 1 en mettant du ­diesel dans son moteur.

4. La professionnalisation croissante des jeunes a-t-elle sonné le glas du bon vieux « foot de rue » ? À mon avis, il ne reste plus beaucoup d’endroits en Europe où l’on joue vraiment dans la rue. Je considère que c’est plutôt le rôle des clubs et des académies d’intégrer des éléments du foot de rue dans leurs entraînements. Cela permet

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de s’affirmer, de tenir tête à ses aînés et de lutter pour chaque victoire. Mais à la place, on observe des clubs tellement obsédés par la pression exercée sur les très jeunes joueurs qu’ils prévoient de ne plus compter les buts, de supprimer les victoires, les défaites et les tableaux de classement. C’est complètement débile ! Si vous aviez dit cela à Joshua Kimmich (actuellement professionnel au Bayern de Munich, ndlr) quand il avait 8 ans, il aurait répondu: « Je joue uniquement pour gagner et pour être meilleur que mes adversaires. » C’est avec cette mentalité qu’à 18 ans, alors que personne ne le connaissait à Leipzig, il se battait avec ses coéquipiers quand il jugeait qu’ils ne se donnaient pas à fond dans un quatre contre quatre. Et c’est pour ça qu’il évolue aujourd’hui à Munich. Cet état d’esprit, il faut l’enseigner davantage dans les académies.­

5. Que doit changer le foot pour attirer la génération gaming, ce jeune public à la capacité de concentration réduite ?

Je pense que cette histoire de capacité d’attention réduite est un cliché. L’esport en est le meilleur exemple : les jeunes sont parfaitement aptes et disposés à se concentrer sur une seule chose pendant plusieurs heures. On observe également un désir accru de compréhension du jeu, des statistiques, des passes, des buts prévus, de la distance parcourue et des ­vitesses de pointe. On dispose actuellement de données sur à peu près tout. La numérisation et l’intelligence artificielle vont continuer à progresser. La vraie question, autant pour les spectateurs que pour le staff des entraîneurs, est de savoir comment interpréter ces données. Ce qui est formidable avec toutes ces innovations, c’est qu’au bout du compte, l’humain l’emporte toujours : c’est à nous d’analyser ces informations, de les interpréter en conséquence.

6. À quels changements de règles êtes-vous favorable ?

Je continuerais à autoriser cinq remplacements comme en 2020 avec la pandémie. Cela donne un jeu plus vif, évite les blessures et garantit une bonne humeur dans le groupe. Et puis il faudrait réfléchir à ce que j’ai déjà fait remarquer il y a quinze ans : la taille des buts est-elle 48

« Le succès, c’est trois C : concept, compétence et capital. Le capital n’est pas tant le problème, mais les deux autres échouent souvent. » Chaque club a besoin d’une identité, estime Ralf Rangnick : « Un entraîneur tel que Jürgen Klopp a électrisé des villes entières comme cela a été le cas à Dortmund et à Liverpool. »

e­ ncore appropriée ? À l’époque où le but a été fixé à 2,44 m de haut sur 7,32 m de large, une personne moyenne mesurait environ 10 cm de moins qu’aujourd’hui, ce qui vaut aussi pour les gardiens de but. En élargissant la cage de 3 cm et en l’allongeant de 2 cm, vous verrez atterrir beaucoup plus de buts dans les filets.

7. Quels sont les principaux traits de caractère qu’un entraîneur ­devra avoir dans dix ans pour remporter des grands titres ?

Compréhension de l’équipe, leadership et compétences en matière de prise de décision. En gros, tout ce qu’un manager

moderne devrait posséder dans le secteur privé. Lors de mon premier poste en tant qu’entraîneur, nous étions trois : le co-entraîneur, l’entraîneur des gardiens de but et moi-même. Aujourd’hui, tu dois gérer avec quinze à vingt spécialistes, des analystes vidéo aux nutritionnistes. Et il ne suffit pas de déléguer des tâches à ces experts, il faut savoir dialoguer avec eux. Un coach doit avoir des connaissances beaucoup plus approfondies que par le passé.

8. Par quoi commencer pour réussir avec une équipe dans dix ans ?

Le club a besoin d’une philosophie claire : quelles sont les valeurs que je défends ? THE RED BULLETIN


Dossier foot

« L’intelligence artificielle reste en plein essor. Mais au final, ce qui est bien, c’est que les humains interpréteront toujours les données. » Son credo :  « L’essence doit rester l’amour du sport. » Le bâtisseur Ralf Rangnick aime les vieux stades.

Regardez la deuxième division de la Bundesliga, avec des clubs plus modestes comme Bochum, Fürth ou Kiel. Ils sont au top. D’accord, le Bayern, une fois de plus, est champion, mais si Erling Haaland était au RB Leipzig au lieu du Borussia Dortmund, le RB Leipzig serait champion cette année. C’est une hypothèse, d’accord, mais regardez sa moyenne de buts par rapport aux occasions manquées à Leipzig. En gros, si tu fais les choses bien, tu peux surpasser les clubs qui ont plus de ressources financières que toi. Ce sera toujours le cas dans vingt ans. Je refuse de valider cet argument que l’argent permet de marquer des buts ou de gagner des championnats : il y a trop de contre-exemples.

10. Que diriez-vous aux initiateurs de la Super League ?

Faites entrer un peu plus d’expertise footballistique dans la discussion. Dans la Super League, les discussions étaient trop unilatérales. Il n’y en avait que pour l’expertise économique. Sans être un fan inconditionnel, il suffit d’observer le niveau d’endettement des principaux clubs pour comprendre que tout tournait autour de l’argent. À ce niveau-là, je suis un traditionaliste convaincu : la pyramide du foot basée sur la réussite est indispensable. Les petits clubs doivent être promus et les grands clubs traditionnels, s’ils gèrent mal pendant des années, doivent être relégués. Quand j’étais responsable du Global Soccer à Red Bull, j’ai vraiment eu du mal à accepter ce système de franchise à l’américaine et je ne crois pas que je retenterai l’expérience.

11. Qu’est ce qui était mieux avant dans le foot ?

Dans la libre économie, on parle d’identité d’entreprise : sans elle, il n’y a pas de comportement d’entreprise. Pour un club, c’est la même chose : si tu n’as pas d’identité ou si celle-ci varie en fonction de l’entraîneur, tu n’es rien. Le succès ­dépend des trois C : concept, compétence et capital. Le capital n’est pas tant le problème. Là où le bât blesse, c’est au niveau du manque de compétences des déciTHE RED BULLETIN

deurs et du concept. C’est ce que j’appelle aussi l’idée de jeu. Regardez ce que ­Jürgen Klopp a fait à Dortmund ou à ­Liverpool. Ce n’est pas seulement le club ou les joueurs qu’il a élevés à un autre ­niveau. C’est toute la ville.

9. Y aura-t-il encore des histoires d’outsiders, ou l’époque sera-telle aux champions en série ?

L’ambiance dans les stades. Je me souviens de ces matches dans l’ancien stade de Stuttgart, au Highbury d’Arsenal, au stade de White Hart Lane, à Upton Park… rien que d’y penser, j’en ai la chair de poule. À l’époque, il n’y avait presque pas de loges ou de salons VIP. On allait voir un match, pas raconter sa vie au cours d’un dîner mondain. Il n’y en avait que pour le foot, pour le cœur, l’émotion et l’amour du sport. C’est pour cela qu’à l’avenir, il ne faudra pas perdre de vue ce qui est essentiel. Les nouvelles méthodes de développement des joueurs et des équipes sont les bienvenues, c’est certain. Mais c’est l’amour du sport qui reste au cœur de tout.   49


Ils élèvent des humains au rang de dieux, font vibrer les stades, conquièrent des villes entières. Un hommage aux fans de foot par la photographe écossaise JANE STOCKDALE. Et trois prédictions de changements* majeurs liés au foot.

LES FANS DONNENT LE TON

Photos : Jane Stockdale *Prévisions : rapport de projet Football 2050 de Stefan Bader et Werner Grabherr ; teamwerk-sport.com/soccer-2050

POUR L’AMOUR

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LE BASCULEMENT

« C'est là que l’Argentine est entrée en finale de la Coupe du monde. » La photographe Jane Stockdale se souvient de ce soir de juillet 2014 à Copacabana, au Brésil. « La plage s’est mise à trembler. » Photo de son projet Watching the World Cup.

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DU SPORT

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HYPER TENSION

Stockdale a assisté à la finale de la Coupe du monde 2018 FranceCroatie dans les rues de Paris, comme des centaines de milliers de personnes. « Puisque j’étais incapable d’obtenir un billet, c’était la solution la plus logique. »

LA DÉSILLUSION

« Nous sommes à Rio de Janeiro, le soir de la demi-finale 2014, BrésilAllemagne. Sono pour faire la fête, feux d’artifice… Tout était prêt. Et puis le match s’est terminé… 7 buts à 1 pour l’Allemagne. Un désastre. »

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LES ROIS DU MONDE

En 2018, la police parisienne avait bouclé la fan zone, et la ville n’appartenait qu’aux supporteurs. « L’énergie dans les rues était incroyable ».

UNE VAINE MOTIVATION

Encouragements des supporteurs argentins lors de la retransmission publique de la finale de la Coupe du monde 2014. En vain. « Ils étaient dévastés. »

Prévision n° 1

Un supporteur jubile plus dans un endroit qui ne lui est pas familier Grâce à l’audio 3D et aux prises de vue à 360°, les cinémas deviennent aussi des endroits où l’on peut regarder le foot en groupe. Encore plus d'ambiance ? Il existe des concepts visant à reproduire les matches de la Coupe du monde en direct dans d’autres stades grâce à la technologie des hologrammes.

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Prévision n° 2

Un fan vibre pour son joueur favori plus que pour son équipe Nous nous attachons émotionnellement plus fortement à des personnes qu’à des groupes abstraits, c’est pourquoi les fans se concentrent sur les joueurs individuels. Ce qui se profile : des matches avec des équipes composées des footballeurs les plus populaires, comme avec les A ­ ll-Star au basket en Amérique.

LA VOIX DE L'ESPOIR

« La photo a été prise chez moi, au Celtic Park, à Glasgow, en Écosse, en 2011 pour être précise. » Dix ans plus tard, elle peut se réjouir avec les supporteurs écossais : après 25 ans d’attente, l’équipe nationale participe à nouveau à un championnat européen.

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LE MILLION !

Prévision n° 3

Planète supporteurs

« Après le triomphe de la France en finale de la Coupe du monde 2018, plus d’un million de personnes ont fait la fête sur les Champs-Élysées. Incroyable ! »

De nombreuses mesures de marketing sont destinées au marché asiatique. Et le focus est mis sur l’Afrique : avec une augmentation de la population de 1,1 à 2,44 milliards d’habitants d’ici 2050, la croissance économique et le nombre grandissant de joueurs de haut niveau font que les clubs s’intéressent aussi ­davantage aux supporteurs africains.

LES VISAGES DE LA FRANCE

Du sport masculin de la classe ouvrière à un événement planétaire mixte. Les photos de Stockdale (ici Paris 2018) dressent un portrait diversifié des fans de foot.

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AU-DELÀ DES MOTS

« Je ne peux exprimer la joie qu’a ressentie le peuple français après avoir remporté le titre de la Coupe du monde avec des mots. Par contre, cette photo la rend très bien. »

UN COUP DE ROUGE ?

« J’ai dû traverser des nuées de fumigènes en route vers mon hôtel le soir de la victoire à Paris. Ça en valait la peine. » Plus de photos : janestockdale.co.uk THE RED BULLETIN

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Jeux olympiques, Coupe du monde, Ligue des champions : l’ex-footballeuse ANJA MITTAG, 36 ans, a tout gagné. Aujourd’hui co-entraîneure du RB Leipzig, elle veut élever son sport au niveau supérieur, avec passion et esprit d’innovation.

LES FEMMES CHANGENT LA DONNE

C’EST ICI QUE ÇA SE JOUE Texte : Nicol Ljubić  Photos : Urban Zintel

Anja Mittag a vécu les choses telles qu’elles devaient être durant la saison 2002/03. Dernier match de la saison, ultime affrontement entre le Turbine Potsdam et le FFC Francfort, le cham­ pionnat est en jeu. 7 900 spectateurs entassés dans le stade Karl Liebknecht de Babelsberg. « Cette atmosphère, cette exaltation, j’ai adoré. » C’était sa première saison en Bundes­ liga, et après de nombreux matches devant quelques dizaines de spectateurs, c’était aussi la première fois qu’elle se disait que les gens s’intéressaient enfin au foot féminin ! Ça devrait toujours se passer comme ça, s’est-elle dit, et pas qu’au tout dernier match, lorsque le titre est en jeu.

De l’eau a coulé sous les ponts ­ epuis, et les choses ont évolué à vitesse d

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Le RB Leipzig s’est récemment hissé en 2e Bundesliga grâce à un foot rapide. Ici, Marlene Müller dribble contre le FFC Niederkirchen lors de la Coupe d’Allemagne de football.

passée au RB Leipzig et a ainsi été pro­ mue en 2e Liga. En fait, il y a longtemps qu’elle voudrait cesser de jouer pour se concentrer sur son poste d’entraîneure individuelle, mais comme il manque tou­ jours des joueuses pour cause de bles­ sures, elle est encore sur le terrain, à 36 ans. Anja Mittag a joué 158 matches pour l’équipe nationale allemande et rem­ porté tous les titres possibles : joueuse de l’année, meilleure buteuse, recordwo­ man des buts lors des compétitions entre les clubs de l’UEFA ainsi que cham­ pionne olympique, championne du

monde, multiple championne d’Europe, championne d’Allemagne et de Suède, gagnante de la coupe et de la Ligue des champions. Si le foot est aujourd’hui plus féminin que jamais, c’est notam­ ment grâce à des athlètes comme elle. Quand elle a commencé, le Turbine Potsdam n’avait même pas de tenues d’entraînement. Anja Mittag se souvient de l’époque où l’une venait à l’entraîne­ ment avec un maillot de Dortmund, l’autre avec un sweat à capuche. Et les trajets de retour dans le bus avec les joueuses qui se faisaient masser par le physiothérapeute. Aujourd’hui, les THE RED BULLETIN

RB LEIPZIG

grand V. Les records se sont succédé : 60 700 spectateurs lors du match de championnat entre l’Atlético Madrid et le FC Barcelone, 77 800 lors du match test entre l’Angleterre et l’Allemagne au stade de Wembley. 993 millions de télés­ pectateurs à travers le monde pour la CM 2019 en France, soit 30 % de plus que lors de la CM au Canada quatre ans plus tôt. Au cœur de cette transforma­ tion : Anja Mittag. Il n’y a guère de meil­ leur témoin de tout ce qui s’est passé dans le foot féminin au cours des vingt dernières années. Anja Mittag a rejoint le Turbine Potsdam en 1re Bundesliga en 2002. Au cours de sa carrière, elle a entre autres joué pour le FC Rosengård et le FC Malmö en Suède, le Paris Saint-Germain et le VfL Wolfsburg. En 2019, elle est


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Mission offensive : en tant qu’entraîneure, Anja Mittag se concentre principalement sur la formation des attaquantes.

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Bases solides : à Leipzig, les femmes bénéficient d’une excellente infrastructure.

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équipes peuvent compter sur plusieurs kinés ; les joueuses reçoivent des programmes d’entraînement et au lieu d’être massées dans le bus, elles ont le temps de récupérer. Il n’y a pas qu’un seul entraîneur adjoint responsable à la fois des gardiens et de l’entraînement athlétique, mais un pour chaque domaine. Les joueuses bénéficient maintenant de l’infrastructure masculine car de nombreux clubs de Bundesliga ont reconnu l’importance du foot féminin et son potentiel. C’est le cas notamment du FC Bayern, du VfL Wolfsburg, du TSG Hoffenheim, du Bayer Leverkusen, du Werder Bremen et du RB Leipzig.

L’équipe nationale féminine en

Allemagne et les succès remportés ont joué un rôle particulièrement important dans cette évolution. Anja Mittag les appelle les « chevaux de trait ». Elle se souvient d’un match amical contre le Brésil à Francfort en 2009 devant 44 800 spectateurs. Puis est venue la Coupe du monde 2011 en Allemagne qui a attiré un total de 845 700 spectateurs dans les stades. Le match contre l’Espagne lors de la Coupe du monde 2019 a été regardé par 6,15 millions de téléspectateurs à la télé allemande, le chiffre le plus élevé de toutes les émissions en prime time ce jour-là. Mais ce n’est pas seulement la perception par le public de l’équipe nationale qui a fait avancer le foot féminin, c’est aussi la présence d’une infrastructure qui a longtemps été fermée aux femmes dans les clubs. C’est aussi le fait, par exemple, qu’un chef de cuisine était présent non seulement lors des grands tournois mais aussi lors des stages et des matchs internationaux. Et que les footballeuses ont pu aussi compter sur des physiothérapeutes, de bons terrains d’entraînement et de vrais stades. Cependant, selon Anja Mittag, la poussée la plus significative pour le foot féminin est venue du fait que d’autres pays d’Europe ont aussi commencé à investir dans ce sport. Avec pour résultat que, pour une fois, ce n’est pas l’équipe allemande qui a remporté le titre au championnat d’Europe en 2017 mais l’équipe néerlandaise. « Tout d’un coup, on a remarqué que les choses bougeaient dans d’autres pays, que quelque chose se passait. La compétition s’améliorait et en tant que footballeuse, il était soudaiTHE RED BULLETIN

Au milieu de l’attention : Anja Mittag dans l’aile des joueurs du centre d’entraînement.

nement possible de jouer en Angleterre, en Espagne, en France, et en Suède. Quand j’ai commencé le foot, je n’avais pas tant d’options. Maintenant, elles sont bien plus nombreuses, ce qui est super pour le développement du foot féminin. »

C’est notamment l’Angleterre qui

a boosté le football féminin avec la première ligue professionnelle d’Europe, la WSL (Women’s Super League). Le championnat attire les meilleures footballeuses au monde, y compris certaines figures de l’équipe nationale allemande, comme Melanie Leupolz et Leonie Maier. Récemment, la Danoise Pernille Harder est passée du VfL Wolfsburg au Chelsea FC pour un montant record, selon les rumeurs, de 380 000 CHF. La WSL vient de signer un accord de trois ans avec la BBC et Sky Sports. À partir de la prochaine saison, 66 matches seront diffusés chaque sai-

« Nous devons être des pionnières pour la génération suivante, nous sommes prêtes à instaurer le changement.» De nombreux pros s’engagent en faveur de changements dans le foot féminin avec Anja Mittag.

son, la plupart en prime time, ce qui rapportera environ 12,5 millions de CHF à la ligue. La WSL montre ce qui est possible pour le foot féminin. En tant que professionnelles, les footballeuses peuvent se concentrer entièrement sur leur sport et n’ont pas à poursuivre un apprentissage en parallèle ni exercer un autre emploi comme c’est le cas de nombreuses femmes en Bundesliga. Anja Mittag a   61


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Elle ne croit pas que les femmes

gagneront un jour autant que les hommes dans le football. Mais elle se préoccupe également des conditions dans lesquelles les femmes s’entraînent et jouent : equal play en d’autres termes.

Les jeunes footballeuses doivent tout donner pour ressembler à Pernille Harder ou Dzsenifer Marozsán, pas Messi… Les modèles féminins sont essentiels pour l’avenir du football féminin, déclare Anja Mittag.

Et elle énumère ensuite ce qu’un club comme le RB Leipzig offre aux footballeuses à cet égard. La qualité de l’entraînement, de bons terrains, les sessions matinales qu’elle dirige elle-même en tant qu’entraîneure, le simulateur ­SoccerBot360 pour un entraînement cognitif, l’accès à un bus sponsorisé pour les matches à l’extérieur et la possibilité de déjeuner à l’académie. « J’ai connu ça à Wolfsburg ou à Paris. Mais disposer de telles conditions dans un club de 2e division témoigne de l’évolution du football féminin. » Le football féminin serait-il en avance sur le football masculin à certains égards, serait-il plus innovant ? On ne peut s’imaginer un footballeur qui, comme Lena Güldenpfennig, jouerait en parallèle dans la Bundesliga d’esport, ­faisant ainsi office de modèle pour de nombreuses jeunes joueuses. Elle

Classe internationale : Anja Mittag (à gauche) est ravie du but de Josephine Henning contre l’Italie lors du tour préliminaire de l’Euro 2020 aux Pays-Bas.

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démontre que les deux sont possibles et qu’il n’est pas nécessaire de choisir. Ce qui ouvre peut-être des voies totalement nouvelles au moment où l’esport est si populaire auprès des jeunes. Anja Mittag déclare : « Lorsque les filles s’intéressent aux e-sports, elles comprennent aussi mieux le football. » En 1995, Sepp Blatter, alors président de la FIFA, a déclaré que l’avenir du football était féminin, se montrant ainsi étonnamment visionnaire. Même si cela a pris du temps et que le potentiel est loin d’être épuisé.

Surtout, la perception des médias

est en retard sur le développement, du moins en Allemagne. En Suède, la couverture médiatique du football féminin et masculin était déjà équitable il y a dix ans. « C’est vraiment une expérience très impressionnante que j’ai vécue là-bas, se souvient Anja Mittag. En Suède, j’ai réalisé que c’était possible, qu’il suffisait de vouloir. » Elle raconte qu’elle a récemment essayé de regarder les temps forts de la demi-finale de la Ligue des champions entre le Bayern et Chelsea sur Internet et qu’elle ne savait même pas où regarder. En fait, il n’y a pas de marketing centralisé du football féminin ou de service de streaming qui diffuse ou agrège tous les matchs. « Il serait temps », estime Mittag qui, comme d’autres joueuses connues, est très engagée, entre autres, dans l’avenir du football féminin. Cette implication passe notamment par des prises de paroles comme sur le podcast qu’elle anime en compagnie de son ancienne coéquipière, Josephine Henning. « Nous devons être les pionnières de la génération qui vient après nous, déclare Anja Mittag. Je pense que nous, les femmes, voyons cela comme une opportunité, nous sommes prêtes à amorcer le changement. » Elle poursuit en expliquant combien les modèles féminins sont importants pour l’avenir du football et que c’est une autre raison pour laquelle il faut une professionnalisation constante. Pour que les jeunes filles sachent qu’elles ont la possibilité de devenir des footballeuses professionnelles et qu’elles donnent tout pour devenir un jour aussi bonnes qu’une Pernille Harder ou qu’une D ­ zsenifer Marozsán et non pas Messi ou Ronaldo. « C’est ça que j’aimerais », conclut Anja Mittag. THE RED BULLETIN

GETTY IMAGES, MAKE-UP: ANDREAS BERNHARDT/BASICS

aussi connu cela, au début de sa carrière. Elle travaillait de 7 à 16 heures, puis rentrait rapidement, avalait un sandwich et partait s’entraîner à 17 heures. « C’est formidable que les footballeuses en ­Angleterre ne soient pas obligées d’avoir un emploi à côté et qu’elles puissent s’entraîner dans les mêmes conditions que les hommes. Après tout, être footballeuse est aussi un boulot dans lequel on veut s’investir à 100 %. En Allemagne, nous devrions prendre la WLS comme exemple, nourrir l’objectif d’arriver au même niveau. » Ce serait la prochaine étape logique du développement. Et il ne s’agit même pas de « l’égalité des salaires » en premier lieu, mais plutôt de « l’égalité des chances ». À ses débuts, Anja Mittag recevait encore son argent dans une enveloppe et il n’était pas question de primes à la victoire ou aux points. Cela a changé au fil des ans. Mittag déclare : « Quand je pense à ce que j’obtenais lors de ma première année en Bundesliga et que je compare avec les rémunérations actuelles, on peut dire qu’il y a eu une sacrée évolution. »


« Les joueuses en Angleterre ne sont plus obligées d’avoir un travail pour vivre comme pro. Il y a des leçons à en tirer. » Anja Mittag souhaite les mêmes conditions que celles de la ligue anglaise WSL.

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Avec des virtuoses du coup franc comme LIONEL MESSI qui pulvérisent les murs défensifs, ça se déchaîne pour bâtir le mur idéal : les défenseurs se jettent à terre ; sprintent vers les buts… sans succès. Place à des solutions originales.

DES MURS D’INGÉNIOSITÉ

ÇA N’EST PAS GAGNÉ CE QUI N’A PAS MARCHÉ JUSQU’À PRÉSENT…

Mur qui saute le plus haut

Stratégie : FRAPPE ENROULÉE Résultat : BUT Barcelone – Liverpool, huitièmes de finale de la Ligue des Champions 2019. Distance : 29 mètres. On peut lire RESPECT pour Messi sur les visages de Gomez, Matip, Fabinho et Firmino.

Stratégie : FRAPPE À RAS DE TERRE Résultat : BUT Barcelone – Gérone, Liga 2018 : une frappe audacieuse que Messi a piquée à son mentor Ronaldinho. Il avait déjà marqué le même but contre le Werder Brême en 2006.

Mur qui saute le plus haut possible + joueur allongé au sol

Mur qui saute le plus haut possible + joueur allongé au sol + joueur qui sprinte vers le but

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Stratégie : TIR ENCORE PLUS PRÉCIS Résultat : BUT (ou but du défenseur contre son camp) Barcelone – Séville, Liga 2019 : la balle atterrit dans les filets plus rapidement que le défenseur Carriço sur la ligne. Il y a même but contre son camp, le tir de Messi ayant été dévié.

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Stratégie : TIR EN PLEINE LUCARNE Résultat : BUT Barcelone – Bilbao, Liga 2021 : pour bloquer le tir sous le mur, Muniain (n°10) s’allonge au sol, ce qui lui offre une bonne vue plongeante sur le 1:0.

CHRISTIAN EBERLE ABASOLO

STEFAN STRATIL

Mur classique


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CE QUI POURRAIT MARCHER À L’AVENIR

Engager des joueurs très grands Les footballeurs mesurent en moyenne 1 mètre 81, pas top. Les Chicago Bulls, quant à eux, mesurent 2,06 mètres en moyenne. Conclusion : il est temps d’engager des joueurs de basket. INCONVÉNIENT : les talents foot­ ballistiques des joueurs de basket sont assez limités.

Garer le bus de l’équipe devant les buts Utilisé depuis des années comme méta­ phore des irrévérencieuses tactiques défensives du célèbre entraîneur José Mourinho, le bus de l’équipe est peutêtre la solution miracle pour un mur infranchissable. INCONVÉNIENT : nécessite un change­ ment de règle. Bien qu’il ne soit écrit dans aucun règlement que « les bus sont inter­ dits sur le terrain ».

Pas de mur, donc uun meilleur champ de vision pour le gardien Beaucoup de tireurs de coups francs se servent du mur comme d’un panneau indicateur pour marquer. « Il suffit de tirer au-dessus et ça rentre. » Donc : pas de mur, pas de viseur, pas de but. CQFD. Sans compter que le gardien a enfin une vue bien dégagée sur le terrain. INCONVÉNIENT : plus d’obstacles pour le tireur (voir page de gauche).

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De timides joueurs à prétendants au titre : l’étonnante transformation d’une ligue de papys en une usine à talents basée sur le modèle européen, et le plan quinquennal secret des États-Unis jusqu’à la Coupe du monde qui se tiendra chez eux.

LES USA SERONT CHAMPIONS DU MONDE

LA START-UP DU FOOT Texte : Jürgen Schmieder

Les États-Unis pourraient remporter la Coupe du monde en 2026

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nous. » Berhalter parle de Christian P ­ ulisic (22 ans, Chelsea FC), Gio Reyna (18 ans, Borussia Dortmund), Weston McKennie (22 ans, Juventus de Turin), Sergiño Dest (20 ans, FC Barcelone), ­Yunus Musah (18 ans, Valence CF), Brenden Aaronson (20 ans, Red Bull Salzbourg), et bien sûr de Tyler Adams. Le milieu de terrain du RB Leipzig, âgé de 22 ans, est le meilleur exemple de ce que fait cette start-up du football en ce moment. L’équipe nationale de foot des États-Unis à l’entraînement à Bradenton, Floride.

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Bien sûr, ça semble du délire. Surtout lorsque cette annonce vient d’un pays qui n’a encore jamais dépassé les quarts de finale, dont l’équipe nationale a raté de manière embarrassante la qualification pour la dernière Coupe du monde et dont les U23 viennent d’échouer face au Honduras lors des qualifications pour les Jeux olympiques. En outre, la MLS (Ligue majeure de soccer) est toujours considérée comme une ligue de seconde zone par rapport aux grandes ligues européennes. Mais ceux qui sont suffisamment fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde ne sont-ils pas ceux qui finissent justement par réussir ? Ce qui, soit dit en passant, était justement le slogan de la publicité d’Apple en 1997 : Think Different. Et c’est exactement ce qui est finalement en train de se passer aux États-Unis, après des années et des années de bévues à grande échelle. Et si, pour une fois, on cessait de considérer le football américain comme une fédération, la MLS comme une ligue, et les Red Bulls de New York comme un simple club, mais qu’on voyait plutôt tout cela comme une start-up géante ? Et la Coupe du Monde dans cinq ans comme une introduction en bourse ? Quel prospectus cette start-up du foot pourrait-elle actuellement présenter aux investisseurs ? « Nous n’avons jamais eu autant de joueurs talentueux qu’aujourd’hui, déclare Gregg Berhalter, l’entraîneur de l’équipe nationale. L’équipe est extrêmement jeune, beaucoup de joueurs seront au sommet de leur carrière lors de la Coupe du monde qui se tiendra chez

« Je ne me suis pas vraiment concentré sur le foot avant d’entrer à l’académie Red Bull à 12 ans », explique Adams, et cette observation est plus significative qu’il n’y paraît au premier abord. Il est originaire de la petite ville de Wappinger, à environ une heure et demie de route au nord de New York. S’il était né 15 ans plus tôt, il serait peut-être aujourd’hui basketteur professionnel (son deuxième sport préféré quand il était enfant), car quelqu’un comme lui n’aurait tout simplement pas été pressenti pour le football et surtout, il n’aurait pas été soutenu de la sorte. La MLS remplissait alors les équipes avec des stars vieillissantes

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Dossier foot ­ ’Europe au lieu de talents locaux. Cela d s’explique par le fait que l’entraînement des jeunes athlètes aux États-Unis fonctionne d’une manière complètement différente de l’Europe. Les organisations professionnelles comme le club de basket-ball des Lakers de Los Angeles ne s’occupent pas des jeunes talents. Cela incombe d’abord aux organisations telles que l’AAU (Amateur Athletic Union) puis aux écoles et aux universités. Les clubs profitent du repêchage annuel (un recrutement de jeunes joueurs) à partir de la réserve de talents. Par exemple, selon les règles du système européen, la superstar

du basket Kobe Bryant, qui a grandi à Philadelphie, aurait commencé sa carrière avec les 76ers de Philadelphie. Dans le monde du sport américain, les Lakers l’ont repêché et ont remporté cinq championnats avec lui.

Trois millions de stars potentielles

La croissance dont toute start-up a désespérément besoin dans un premier temps a sans aucun doute été au rendez-vous : actuellement, près de trois millions d’enfants âgés de six à douze ans jouent au football aux États-Unis. Ce qui manquait jusqu’à présent, c’était la manière de devenir une terre de football – ce qui est toujours le cas de l’Europe et de l’Amérique du Sud. Cela aussi irritait les Américains. Après tout, ils ont l’habitude de faire partie des meilleurs dans tous les sports, d’avoir les meilleures ligues et

donc les titres les plus importants . Ce que des clubs comme les Red Bulls de New York ont apporté est énorme, et c’est exactement la raison pour laquelle les Américains seront compétitifs lors de la Coupe du monde 2026. « C’était l’environnement parfait pour devenir un joueur de foot professionnel », déclare Tyler Adams à propos de l’académie Red Bull fondée en 2005, juste avant que Red Bull n’acquiert le club newyorkais. Le fait que les fruits de cet engagement soient apparus des années plus tard s’inscrit dans l’esprit des start-ups. L’académie forme des footballeurs dès

Les supporteurs américains au stade de San Jose (Californie) : lors de la CM 2026 à domicile, les USA auront le plus grand nombre de joueurs talentueux de leur histoire. THE RED BULLETIN

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l’âge de douze ans et n’a pas à se cacher derrière le travail auprès des jeunes des grands clubs européens. « Environ 40 000 jeunes par an sont intéressés par notre projet, explique le directeur de l’académie, Sean McCafferty. Nous cherchons des talents vraiment partout, nous formons des entraîneurs et je pense que ce n’est pas une coïncidence si nous voyons maintenant des professionnels américains mieux formés sur le plan stratégique. » Comme Tyler Adams, qui peut être utilisé à plusieurs positions. À l’âge de 16 ans, il a dû prendre une décision difficile, une décision à laquelle la plupart des Américains ne sont pas confrontés. Les Red Bulls lui ont offert un contrat pro en mars 2015, ce qui serait normal en Europe, mais se révèle problématique aux Etats-Unis, car si vous gagnez de l’argent en faisant du sport à l’adolescence, vous ne pouvez recevoir de bourses pour vos études universitaires. C’est pourtant le but de nombreux jeunes : financer par le sport leurs études très onéreuses (dans les universités américaines d’élite, quatre ans, tous frais compris, peuvent coûter jusqu’à 300 000 dollars, ce que la faculté de sport prend entièrement en charge pour les étudiants talentueux). Signer un contrat de pro constituait un risque pour Adams : « Ma mère voulait en fait que je fasse des études universitaires, mais elle a compris que c’était la bonne voie pour moi. »

« Les Américains veulent toujours être les meilleurs tout de suite sans penser au long processus vers le succès. » Jesse Marsch, 47 ans, Entraîneur Red Bull Salzbourg, et à partir de l’été de RB Leipzig

alors co-entraîneur à Leipzig, dans la Bundesliga. Ce que le directeur de l’académie McCafferty dit à propos du transfert est à souligner : « Nous avons tiré avantage de lui, il a tiré avantage de nous, et maintenant Leipzig et l’équipe nationale américaine en profitent. Pour nous, c’est un succès sur toute la ligne. »

Patience à l’épreuve

Il est étonnant de voir à quel point le football américain a été repensé, et personne ne peut mieux en juger que Jesse Marsch. En tant que joueur, il a suivi la trajectoire traditionnelle de l’athlète américain : bourse d’études à l’université de Princeton dans le New Jersey, 14 ans en tant que professionnel dans la MLS. Il a ensuite été entraîneur pour la Fédération américaine de football et à Princeton, puis des Red Bulls de New York, du RB Leipzig et du Red Bull Salzbourg. « Aux États-Unis, nous voulons toujours être les meilleurs tout de suite et nous ne pensons pas au fait qu’un long processus précède souvent ce succès, dit-il. Nous récoltons maintenant les premiers résultats d’un système que nous avons mis en place il y a plus de quinze ans. » Il est plus facile aujourd’hui de convaincre les joueurs talentueux (et surtout leurs parents, habitués à un système

Une ligue de formation ? !

C’est un autre aspect que les clubs de football américains ont fini par comprendre : offrir des perspectives aux talents qu’ils forment. Pour Adams, l’argument des Red Bulls était clair. « Mon mentor, Jesse Marsch, m’a montré comment faire pour que cela fonctionne avec le football professionnel », explique Adams. Le plan ressemblait à ça : du temps de jeu avec les Red Bulls II, entraînement avec les pros exactement ce que Thomas Mueller, par exemple, a vécu avec le FC Bayern. Adams n’a pas eu à déménager en Europe à l’adolescence, comme a dû le faire Christian Pulisic, et a pu prendre son temps parce qu’il savait qu’il pouvait acquérir une certaine maturité aux États-Unis, « également en tant que personne ». Il pouvait obtenir son diplôme tout en étant footballeur professionnel. Il a fait ses débuts dans la MLS en 2016, à l’âge de 17 ans. Deux ans plus tard, il faisait partie de la formation de départ régulière des Red Bulls puis, en janvier 2019, New York lui a offert la cerise sur le gâteau : un transfert en Europe grâce aux connexions avec Salzbourg et Leipzig. Il a suivi son mentor Marsch, 68

Pool de talents : une équipe junior des New York Red Bulls prête serment pour le match. Il faudra peut-être attendre un certain temps avant de pouvoir garder les meilleurs joueurs pour la ligue américaine.

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« Environ 40 000 jeunes par an entrent en contact avec notre projet d’académie. » Sean McCafferty, 44 ans, Chef de l’équipe de New York Red Bulls Academy

GEPA-PICTURES.COM, NEW YORK RED BULLS(2), GETTY IMAGES, MOTIVIO/THOMAS EISENHUTH

Le visage de l’équipe nationale américaine : Christian Pulisic, 22 ans, portant ici le numéro 10 lors d’un match amical contre l’Italie.

sportif différent) de se joindre aux académies de foot lorsqu’il existe des modèles comme Tyler Adams et que la MLS nationale n’est pas une ligue de papys mais une ligue de talents : « Les jeunes peuvent désormais rêver de devenir des stars internationales. Cela a changé, mais il ne faut pas oublier que la route est longue. » Malgré la joie de la réussite, chacun sait qu’il n’en est qu’aux premiers kilomètres d’un marathon. « Prochaine étape : des entraîneurs qualifiés, capables d’enseigner les bases aux enfants des écoles primaires. Pas seulement la technique, mais aussi l’enthousiasme pour le jeu, la tactique, la psychologie, etc. tout ce qui est nécessaire à leur âge, déclare Marsch. Nous ne devons pas attendre les académies pour faire éclore les talents, mais veiller à ce qu’ils intériorisent cette culture sur les terrains de foot. » Dit clairement : s’assurer qu’un joueur talentueux ne passe pas au basket-ball ou au baseball parce que l’entraîneur de foot manque d’idées alors que celui de l’autre discipline est un ancien pro ou hautement qualifié. Ce qui manque encore : une formation adéquate en dehors des académies de la MLS, une structure de ligues comme en Europe, peut-être même avec promotion et relégation, et des équipes semi-professionnelles dans les zones rurales, ce qui permettrait une prospection encore plus en profondeur. La possibilité de signer un contrat professionnel à l’adolescence, et ensuite, si votre carrière n’aboutit pas, de pouvoir accepter une bourse d’études dans une université. Tous ces problèmes ont été identifiés : le pro Adams, l’entraîneur Marsch et le directeur de l’académie THE RED BULLETIN

dans le développement du système n’est, encore une fois, pas typiquement américaine. L’objectif est de créer une culture du foot qui permette de rivaliser avec les sports américains traditionnels pour attirer les talents. Plus besoin d’aller chercher David Beckham ou Zlatan, les enfants américains ont maintenant Tyler Adams sur les murs de leur chambre. Le maillot de Christian Pulisic est le plus vendu dans le pays après celui de Messi.

« J’ai pu être pro et en même temps, finir mes études et évoluer en tant que personne. » Tyler Adams, 22 ans, Milieu de terrain RB Leipzig

McCafferty les abordent de front. Ils ont fait au football américain ce que les startups technologiques font tout le temps : ils ont chamboulé un secteur. Ici, il s’agissait de secouer l’univers du sport chez les jeunes Américains. Comme une entreprise naissante, ils ont observé le monde, adopté quelques idées-clés et les ont combinées avec la culture américaine. Les clubs professionnels sélectionnent euxmêmes les talents et les forment. Ils acceptent pour le moment de servir de tremplin vers l’Europe pour leurs meilleurs joueurs : ce genre d’humilité n’est pas une vertu américaine. La patience

Coupe du monde à domicile comme moteur

Le succès réel d’une Coupe du monde ne peut être planifié que dans une certaine mesure ; les Allemands, par exemple, oublient souvent, dans leurs souvenirs victorieux du titre de champion du monde 2014, que leur équipe a dangereusement frôlé l’échec en huitième de finale contre l’Algérie. Ce que les Américains savent, en revanche, c’est qu’ils sont susceptibles d’aligner l’équipe la plus talentueuse de leur histoire lors de la Coupe du monde 2026. Comme on a pu le constater lors des éditions précédentes, le soutien de la foule pousse souvent l’équipe du payshôte au-delà de ce que son potentiel laissait entrevoir. Le fait d’être l’hôte de la CM aura peut-être le même effet que pour l’Allemagne en 2006 : s’avérer le point de départ de succès à venir. Les supporteurs américains ne sont plus fous de croire aux chances de leur équipe nationale d’aller loin lors de la Coupe du monde 2026 chez eux. Ils rugiront leur cri de guerre, mais derrière celui-ci se cachera une saine confiance en soi plutôt que la folie des grandeurs : « Je crois que nous allons gagner ! »   69


Cryothérapie, lunettes filtrantes, régimes spéciaux, entraînement cérébral, sommeil chronométré, piano : les étonnantes méthodes des grandes stars du foot pour plus de vitesse, un meilleur physique et un semblant d’immortalité.

LE BIOHACKING SERA LA NORME

LE FOOTEUX OPTIMISÉ Texte : Stefan Wagner  Illustration : Stuart Patience

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obert Lewandowski est officiellement le meilleur joueur au monde. Cristiano Ronaldo, lui, est officiellement le deuxième meilleur joueur au monde, ce qui, compte tenu de ses performances toujours hors du commun, peut être considéré comme discutable, et pas seulement de son point de vue. Quant à Zlatan Ibrahimović, non content de sauver la sélection suédoise, il fait trembler la Serie A italienne. Lewandowski a 32 ans, Ronaldo 36, Ibrahimovic 39. Que se passe-t-il dans le football international ? Les bons joueurs deviennent-ils de plus en plus vieux ? Ou bien est-ce que ce sont les plus vieux qui sont de plus en plus performants ? Et tout cela n’est-il qu’un simple hasard ? Ou bien le début d’une tendance destinée à transformer le football pour toujours ? Déjà, il est peu probable que le hasard y soit pour quelque chose. Ce qui est très probable, en revanche, c’est que les carrières des joueurs, même au plus haut ­niveau, sont amenées à durer bien plus longtemps qu’avant. Et tout cela n’est certainement pas sans lien avec un concept dont on entend de plus en plus parler : le « biohacking ». Pour faire bref, le biohacking, c’est tout ce que les gens entreprennent de leur propre chef afin d’optimiser leur santé, leurs performances, leur qualité de vie et leur longévité. Ils transpirent dans des saunas infrarouges, font de la méditation, mesurent les variations de 70

leur fréquence cardiaque et la durée de leur sommeil profond, engloutissent des compléments alimentaires et réservent parfois même de mystérieuses retraites à la découverte d’eux-mêmes dans le delta de l’Amazone. Les stars de cette scène mondiale en pleine expansion, ce sont les Américains Dave Asprey, Ben Greenfield et Tim Ferriss. En Allemagne, le plus célèbre des biohackers, c’est Andreas Breitfeld. Dans son laboratoire de Munich, il met à la disposition de tout un chacun certains des gadgets et des outils les plus incroyables qui soient : caissons hyperbares, bandeaux mesurant les ondes cérébrales pendant la méditation, panneaux de lumière rouge aux plages nanométriques spécifiques ou encore inhalateurs d’eau de la « zone d’exclusion ». Le football professionnel a désormais aussi son lot de biohackers – et leur succès leur donne raison : outre Lewandowski, Ronaldo et Ibrahimovic, on peut notamment citer Erling Haaland, 20 ans, ou Serge Gnabry, 25 ans, comme adeptes de ces nouvelles méthodes d’auto-­ optimisation. Dans le cas de Gnabry, son agent n’y est pas pour rien : Hannes Winzer, cofondateur de ROOF, l’une des cinq plus grandes agences de joueurs au monde,

Robert Lewandowski Le gâteau et la soupe Anna Lewandowska, coach sportive, a modifié le r­ égime alimentaire de son mari : pas de produits à base de lait de vache, pas de blé, peu de sucre. « Et pour faciliter la digestion, je mange le dessert en premier, puis l’entrée et enfin le plat », explique le footballeur international. Le gâteau avant la soupe ? « Oui. Les glucides sont ­digérés plus rapidement que les protéines. » Pourquoi un amateur peut suivre la même diète que Robert. Manger le gâteau avant la soupe n’est pas indispensable, mais peut être utile. À deux conditions : brûler des calories comme un athlète de haut niveau et manger juste après l’entraînement. Alors, les réserves de glycogène sont vides dans le foie et les muscles. Ces dernières absorbent tous les types de glucides, y compris ceux à chaîne courte comme le sucre, ce qui permet de s’offrir quelques douceurs de temps en temps. Et d’enchaîner ensuite tranquillement sur de bonnes graisses et des protéines de meilleure qualité. THE RED BULLETIN


Un gâteau pour le buteur : Robert Lewandowski, 32 ans, mange son dessert en entrée pour une meilleure digestion.

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est lui-même un biohacker ambitieux. Selon Winzer, le biohacking dans le monde du football professionnel serait « le meilleur moyen d’obtenir ces “gains marginaux” que tout le monde recherche, ces 1 ou 2 % d’amélioration qui font tout la différence au final, ce duel remporté pendant la prolongation, ce pas plus ­rapide devant le but. Tous ces détails qui permettent de décrocher plus de ­victoires et plus de titres. » Inspiré par les travaux de Breitfeld dans son laboratoire de Munich, Winzer teste lui aussi les appareils les plus expérimentaux. « Mais quand je conseille mes joueurs, je le fais toujours en fonction de leur façon de vivre et de leur ressenti. Pas question de faire les choses à la ­va-vite. Autant en termes de réflexion que de structures, le football est un sport traditionnel et conservateur qui ne tolère les innovations qu’à très petites doses. » Il n’empêche que pour Winzer, les ­méthodes de biohacking seraient imparables à long terme dans le football de haut niveau. « Dans certains domaines, comme la récupération, c’est une évidence. Les chiffres sont clairs, les recherches sont unanimes et les résultats sont formels. Le fait qu’un joueur pro protège ses yeux de la lumière bleue le soir afin de mieux dormir, ce ne sera plus une exception dans quelques années, ce sera la règle. »

Erling Haaland Passage à l’orange L’optimisation des performances commence par le sommeil, et les athlètes de haut niveau en sont de plus en plus conscients. Erling Haaland est l’un des premiers footballeurs professionnels à s’être mis aux lunettes anti-lumière bleue. Teintées en orange, elles protègent les yeux de la gamme de fréquences de la lumière bleue (écran de téléphone portable, moniteur, télévision, éclairage LED...) 72

le soir. En effet, la lumière bleue inhibe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, et si l’on en manque, impossible de bien se reposer.

Erling Haaland, 20 ans, porte des lunettes contre la lumière bleue le soir qui l’aident à s’endormir et à dormir toute la nuit.

Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Erling Haaland ? « Les lunettes anti-lumière bleue sont un biohack de débutant extrêmement efficace. Résultats garantis, surtout chez les jeunes, car la production naturelle de mélatonine commence à décliner vers 45 ans. L’idéal

est de porter des lunettes à verres orange deux à trois heures avant d’aller se coucher et d’enchaîner avec des lunettes à verres rouges pour la dernière heure. Nous avons réalisé un test des produits disponibles sur le marché et les marques performantes sont TrueDark, Innovative Eyewear, Ra Optics et BLUblox. » THE RED BULLETIN


Dossier foot

Zlatan Ibrahimović Ice-Zlatan Éternellement jeune, notre vétéran est un pratiquant convaincu de la cryothérapie. Comme beaucoup d’autres (tels Cristiano Ronaldo ou le club anglais de Leicester City), c’est un fervent adepte des chambres de cryothérapie. Il s’agit d’une sorte de sauna domestique inversé, dont la température peut descendre jusqu’à – 82 °C. Le principe est de rester environ trois minutes par jour dans cette cabine ­frigorifique. Le froid met le corps en état de choc, les vaisseaux sanguins se contractent, pour se dilater à nouveau plus tard et irriguer le corps de sang rempli de substances anti-inflammatoires.

récupérer plus rapidement, en revanche, c’est l’idéal. Prendre une douche froide d’au moins trois minutes le matin, c’est excellent pour la santé à plus d’un titre. Les débutants peuvent opter pour des douches moins longues, ou bien alterner entre chaud et froid. »

Zlatan Ibrahimović, 39 ans, mise sur sa chambre cryogénique, une chambre congélo, pour se régénérer.

Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Zlatan ? « Le froid, c’est génial. En principe, ça peut être bénéfique pour tout le monde ou presque de s’y mettre. Une parfaite entrée en matière, c’est le livre de Josephine Worseck, Die Heilkraft der Kälte (trad. Les vertus curatives du froid). Pour les sportifs, le timing est essentiel. Pour faire simple : dans un objectif de prise de muscle, il ne faut pas s’exposer au froid juste après l’entraînement. Pour

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Serge Gnabry L'attaquantpianiste Gnabry travaille énormément avec Lars Lienhard, coach en neuro-training sportif. Les sessions d’entraînement peuvent paraître étranges – il secoue la tête, fait des exercices spéciaux avec les doigts, les mains et les yeux – mais ça fonctionne : la discipline innovante du neuro-­training sportif améliore la coordination, la perception spatiale et l’habileté. Gnabry veille à la qualité de son sommeil, s’inspire des biographies de personnalités ayant réussi et prend des cours de piano. Son conseiller, Hannes Winzer : « Avant, Serge avait tendance à se blesser. Aujourd’hui, il joue entre 40 et 50 matches par saison et il est rarement forfait. Mais Serge est un bosseur. Il a appris à considérer son corps comme un temple. » Et la pratique du piano ? Winzer : « Apprendre à jouer du piano, ça améliore le sens du rythme, et ça crée de nouvelles manières de connecter et de contrôler les synapses. Et c’est ce qui fait de Serge un meilleur joueur. »

Hannes Winzer. Faire de la musique favorise la connexion entre les différentes zones du cerveau. En pratique, cela contribue à améliorer l’équilibre et la coordination gauche-droite, et à faire un rééquilibrage entre pied fort et pied faible. Jouer du piano est une ­approche exigeante du neuro-­training sportif.  »

Serge Gnabry, 25 ans, ­améliore son équilibre et sa coordination gauche-droite en jouant du piano.

NORMAN KONRAD

Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Serge Gnabry ? « C’est vraiment une super approche du biohacking que propose

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Dossier foot

Cristiano Ronaldo L’homme qui dort six fois par jour Le rythme de sommeil de Ronaldo avant un gros match est mythique : il fait six siestes de 90 minutes réparties sur 24 heures (avec un pyjama propre à chaque sieste). Et ces jours-là, il prend six repas : un petit-déjeuner, deux déjeuners, une collation et deux dîners. Bien sûr, en bon perfectionniste, il ne se prive pas des bienfaits de la cryothérapie. Ronaldo s’est fait installer un cryosauna d’une valeur de 55 000 dollars chez lui. Andreas Breitfeld, si on est un sportif amateur, que peut-on apprendre de Cristiano Ronaldo ? « Le sommeil polyphasique est super efficace. Ça ne fait aucun doute, il y a eu de nombreuses recherches sur le sujet. L’inconvénient, c’est que, pour le commun des mortels, c’est infaisable. S’endormir six fois par jour à heures fixes, ce n’est compatible ni avec un travail un tant soit peu normal ni avec une vie de famille raisonnablement agréable. Sept à huit heures d’un bon sommeil nocturne suffisent ­largement. L’idéal est de dormir dans une chambre fraîche complètement dans le noir. »

Sommeil idéal : Cristiano Ronaldo, 36 ans, fait six siestes de 90 minutes avant les grands matches.

ANDREAS BREITFELD, Profession : biohacker ; scannez le QR code et découvrez son labo THE RED BULLETIN

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Médecins robots, tirs au but virtuels, protège-tibias numériques : comment les gadgets high-tech des académies Red Bull et du reste du monde rendent les footballeurs de demain plus en forme, plus intelligents et moins fragiles des nerfs.

L’ORDI PREND LE CONTRÔLE DU COACHING

JEU DE TECH Texte : Marc Baumann

Sur le siège ddrobotec, les athlètes entraînent leurs jambes à l’aide de pneumatiques sensibles (air comprimé).

blessure, le record de Gerd Müller (40 buts en championnat) qui est dans les têtes. Médecins et physiothérapeutes sont les héros de l’ombre de ces courses contre le temps. Leurs noms restent méconnus si ce n’est celui du légendaire Dr MüllerWohlfahrt auquel il faut désormais en ajouter un autre : « ddrobotec », nom du robot d’entraînement personnel. Similaire à une presse à cuisses avec un moniteur en plus, cette machine sollicite les muscles d’un athlète blessé en douceur, ou jusqu’à leurs limites, si ce dernier est en bonne santé. De plus, l’aspect ludique des exercices atténue la pénibilité de la séance d’entraînement. ddrobotec.com

Personaltrainer numérique

Le Robo-Doc

En football, la rééducation est souvent un sujet d’inquiétude. En 2006, la participation incertaine de Philipp Lahm à la Coupe du monde à domicile préoccupait toute l’Allemagne. Aujourd’hui, c’est l’incertitude concernant la capacité de Robert Lewandowski à battre, malgré sa 76

Presse à jambes avec moniteur : session adaptée aux limites de performance individuelles sous forme de jeux.

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Dossier foot

Smartball

Le ballon intelligent À quoi ressemblera le ballon du futur ? Pour le savoir, il faudra manger des chips. Se procurer le « Smartball » de l’entreprise hanovrienne Sport Technology Systems ne sera d’abord possible qu’en fournissant un code gagnant issu des boîtes Pringles, et ce durant tout l’Euro. La commercialisation du ballon connecté et doté d’intelligence artificielle est prévue pour la fin de l’année. « Beaucoup de jeunes délaissent ce sport au profit des jeux vidéo. La console est devenue ainsi notre principal ennemi », explique le fondateur de l’entreprise, Lennardt Hachmeister. Avec son cofondateur Fabian Ernst, ex-joueur de Bundesliga (HSV, Schalke, Brême), il s’inspire largement du mécanisme de jeu en alliant séances d’entraînement et défis amusants. Le Smartball est censé, dans un deuxième temps, être adopté par les clubs et aider, par exemple, les équipes amateurs à disposer des données performance n’exigeant pas un gros investissement technique. « L’aspect et le toucher du Smartball ne présentent aucune différence avec un ballon classique », précise Hachmeister. La ­question de savoir si les autres fabricants

se chargeront eux-mêmes d’intégrer la technologie Smartball à leurs ballons ou si la société fabriquera les ballons pour eux reste quant à elle ouverte. Quel que soit le scénario, la Smartball déterminera la ­vitesse, l’effet, la hauteur de trajectoire et ainsi la précision du toucher de balle. L’entraîneur suisse Lucien Favre est connu pour insister sur l’importance d’une prise de balle précise. La consommation de chips chez les Favre devrait donc exploser prochainement. sporttechnology.systems

Bientôt, le ballon fournira des données sur sa vitesse, sa rotation ou son altitude de vol. THE RED BULLETIN

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Simulateur à 360°

Le foot en mode écran géant Les soirs de défaite, les joueurs revivent inlassablement les actions qui ont scellé le sort du match et trouver le sommeil devient difficile. Et ce n’est pas l’insomnie qui améliorera leurs performances. Pour cela, il y a Soccerbot 360. Ce dispositif simule les actions de jeu en appuyant sur un simple bouton. Le joueur se tient au centre de la zone d’entraînement en gazon artificiel, entouré d’écrans sur lesquels adversaires, coéquipiers et buts sont projetés. Il doit transmettre un ballon réel à ses partenaires virtuels de manière rapide et précise. Qu’il s’agisse du Soccerbot 360, utilisé par le RB Leipzig et la Red Bull Fußball Akademie, ou des systèmes similaires comme le Footbonaut préféré par Dortmund ou le Skills.Lab du FC Bayern, le principe est le même : mesurer et améliorer la réactivité, la concentration et la vision du jeu du joueur. La tâche peut devenir vite éprouvante lorsque, par

Grâce à la réalité virtuelle, les porteurs de ces lunettes peuvent vivre un match de foot sans avoir à s’exposer à de véritables duels.

exemple, dix coéquipiers et adversaires apparaissent sur les écrans du Skills.Lab et qu’il faut en un clin d’œil passer le ballon au partenaire démarqué. Pour les penalties virtuels, le joueur est soumis aux huées des supporteurs afin de développer le sang-froid. soccerbot360.de

Sur mesure : dans le Soccerbot, les joueurs peuvent notamment entraîner leur précision de passe dans l’espace virtuel.

Terrain virtuel

Foot sans ballon Demandez aux coachs de l’académie Red Bull à Liefering quel est, selon eux, le progrès technique le plus fascinant. Leur réponse ? Réalité virtuelle. Il sera possible, dans un avenir proche, de simuler de façon réaliste des situations de jeu réelles, avec adversaires, supporteurs et météo inclus. En attendant, il y a Rezzil. Grâce aux lunettes et aux protège-­ tibias numériques, vous pouvez fouler un terrain virtuel et choisir différents exercices : enchaîner amorti et passe millimétrée, par exemple, la reprise de volée ou encore le jeu de tête avec un coéquipier virtuel. Tout y est, même le bruit du ballon. Les actions peuvent être visionnées du point de vue de chaque joueur. Un entraînement virtuel où l’absence de ballon réel peut même s’avérer avantageuse, notamment pour des joueurs revenus de blessures. Ceux-ci pourront travailler les automatismes sans l’appréhension de t­ aper dans le ballon. rezzil.com

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Dossier foot Big Data

Déconstruire le jeu

Le track dans le tee-shirt parle avec des émetteurs au bord du terrain, cent fois par seconde !

Défendre face à Kingsley Coman ou Serge Gnabry est un immense défi. Leur vitesse et leur habileté balle aux pieds en font de redoutables clients. Comment les neutraliser ? La technologie de suivi et d’analyse d’activité de Kinexon Sports peut aider. « Durant un match, un défenseur latéral vivra dix ou douze situations de jeu face à Coman, où il devra dès les premiers mètres, sprinter à 22 ou 23 km/h », explique Maximilian Schmidt, cofondateur de Kinexon. Muni de ces données, l’ar-

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Protecht

Pour ne pas perdre la tête Lors de la finale de la Coupe du monde 2014, le milieu de terrain allemand Christoph Kramer demande à l’arbitre si le match en cours est bien la finale. Il venait de subir un choc avec un joueur argentin. Depuis cet épisode, le monde du football prend les commotions cérébrales très au sérieux. Les combats aériens sont trop souvent violents et peuvent laisser des séquelles à vie. Afin de minimiser ce THE RED BULLETIN

La protection buccale se porte sur la rangée supérieure des dents, comme un boxer, et mesure les vibrations.

rière peut préparer ces duels avec précision, en simulant les déplacements de ­Coman pour comparer sa vitesse de course. L’entreprise de Schmidt a doté dix terrains d’entraînement de la Red Bull Fußball Akademie de la technologie LPS. Kinexon n’utilise pas de données GPS, ­insuffisamment précises, mais installe ses propres émetteurs autour du terrain. Ceux-ci échangent des données avec les capteurs des joueurs jusqu’à 100 fois par seconde. Les données obtenues permettent bien sûr d’enregistrer la vitesse de course et la distance parcourue, mais aussi la position exacte de chaque joueur, ce qui permet d’évaluer leurs déplacements en phase d’attaque et en phase de défense. Toujours plus nombreuses, les données de suivi permettent aux clubs de déterminer les paramètres clés de leur propre philosophie de jeu. Le « Big Data » figure déjà dans les cursus universitaires liés au sport et dans la formation des entraîneurs. Et de plus en plus de joueurs professionnels prennent conscience de l’utilité de ces données pour travailler sur leurs points faibles de manière ciblée. Ils s’en servent d’ailleurs comme argument lorsqu’ils négocient leur contrat, à l’instar du milieu de terrain de Manchester City Kevin De Bruyne lors de sa récente prolongation de contrat de deux ans, soit jusqu’en 2025. kinexon.de

risque, la société SWA teste actuellement son nouveau protège-­dents hi-tech PROTECHT chez les U23 du Liverpool FC, les U18 féminines de Manchester City et – pour être sûr – l’équipe de rugby anglaise Leicester T ­ igers. Enveloppant la mâchoire supérieure laquelle est soudée au crâne, la gouttière sur mesure permet de mesurer l’intensité des chocs subis par la tête. Les données collectées sont envoyées en temps réel à l’équipe médicale présente aux abords du terrain, pour intervenir si nécessaire. Dans le cas de Christoph Kramer, la décision de le remplacer aurait été immédiate et non quinze minutes après la collision. swa.one

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Le Norvégien ERLING HAALAND est l’attaquant le plus convoité au monde. Sauf par les journalistes. Il est aussi laconique qu’IVAN DRAGO dans le cultissime Rocky IV (Dolph Lundgren y prononce neuf répliques). Duel d’orateurs taciturnes.

QUIZ

QUI A DIT?

Savez-vous lequel des deux est à l’origine des déclarations suivantes ? «I fight to win.» 2. «Work hard.» 3. «It’s shit.» 4. «I must break you.» 5. «Yes.» 6. «I feel very good.» 7. «To the end.» 8. «You will lose.»

Il fait parler ses poings : Dolph Lundgren, incarnant le boxeur Ivan ­Drago, son rôle culte.

RÉPONSES 1. Ivan Drago, après que son manager l’a traité d’idiot. 2. Erling Haaland à la question sur la recette de son incroyable compteur de buts en Ligue des champions (à ce jour, 20 buts en 16 matches). 3. Erling Haaland sur le fait de devoir jouer sans supporteurs dans les tribunes. 4. Ivan Drago avant le début du match contre Rocky Balboa. 5. Erling Haaland à propos de sa célébration de but devant les tribunes vides en guise de message à ses fans. 6. Erling Haaland au sujet de ce qu’il éprouve par rapport au fait d’être le plus jeune joueur à avoir marqué un triplé en Ligue des champions. 7. Ivan Drago avant le dernier round du combat contre Rocky Balboa. 8. Ivan Drago avant le combat contre Apollo Creed.

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IMAGO IMAGES, GETTY IMAGES

Ses buts parlent pour lui : Erling Haaland, 20 ans, étoile montante des attaquants vedettes.

CHRISTIAN EBERLE ABASOLO

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PERSPECTIVES Expériences et équipements pour une vie améliorée

VU D’EN HAUT, ENCORE PLUS BEAU

SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL

HANNES KROPIK

En parapente avec Paul Guschlbauer lors des Red Bull X-Alps.

Paul Guschlbauer en vol plané, tout près du massif du Mont-Blanc.

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PERSPECTIVES voyage

«Là où tu atterris, tu prends appui pour voler à nouveau. » Paul Guschlbauer à propos du principe des Red Bull X-Alps

L

es Red Bull X-Alps sont une aventure XXL : un parcours comprenant douze points de passage disséminés dans cinq pays, et un grand nombre de situations imprévisibles. En théorie, la rotation entre Salzbourg et le massif du MontBlanc, depuis la frontière italo-suisse, peut s’effectuer d’une traite sans enfreindre les règles de vol. Mais en pratique, les lois de la nature en décident autrement, notamment lorsque les courants thermiques retombent et vous obligent à atterrir. Après quoi, il vous faut rejoindre à pied un autre sommet d’où vous pouvez à nouveau décoller. Par mauvais temps, il est possible aussi de longer une vallée. En 2021, les Red Bull X-Alps fêtent leur dixième édition. Lors de la préparation en ski de randonnée, je me suis brisé la cheville droite, mais je reste optimiste quant à ma sixième participation à la course. Cette fois, je ferai plus attention à la partie vol. Le principe de la course « marche et vole » est simple : vous volez avec le parapente ou vous marchez en le portant. Toutefois, ne participe pas à la course qui veut. Cette année, seuls les 33 athlètes sélectionnés prendront le départ d’une compétition qui ne distingue pas les hommes et les femmes dans son classement. Mais les régions que nous parcourrons aussi vite que possible offrent également quantité de possibilités aux sportifs amateurs désireux de se dépenser activement. En voici quelques beaux exemples issus de ma propre expérience. Wagrain-Kleinarl près de Salzbourg, théâtre du prologue des Red Bull X-Alps le 17 juin. Par ailleurs, j’y organise moimême un triathlon de montagne à la fin

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Guschlbauer dans la course : voler est plus beau.

du mois d’août, l’Aerothlon, avec au menu course en montagne, parapente et VTT. Si, en vol, nous sommes livrés à nous même, les Red Bull X-Alps restent cependant une course d’équipe. Werner Strittl est mon coéquipier. Il me suit à travers l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la France, l’Italie et à nouveau en Autriche. La pause nocturne débute à 22 h 30 tapantes, notre camping-­car doit alors couper son moteur là où il se trouve. Je le rejoins pour y passer la nuit et en repars à 5 heures le lendemain matin. Cette année, nous survolons à nouveau la région de Chiemgau en Bavière où j’ai vécu par le passé. Une région idéale pour le parapente, mais aussi pour la course de fond. Des sentiers de tout THE RED BULLETIN


L’itinéraire 2021 Il s’agit du parcours le plus long de l’histoire des Red Bull X-Alps : les athlètes doivent parcourir 1 238 km. Le départ est à Salzbourg, l’arrivée à Zell am See, avec douze points de contrôle à passer entre les deux. 17 juin 2021 : prologue : Wagrain-Kleinarl (AUT) 20 juin 2021 : départ : Mozartplatz, Salzbourg, 432 m (AUT)

GER SUI

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05 10

09 FRA

04 03

AUT 01 02

12 11

ITA

POINTS DE CONTRÔLE 01 Gaisberg (AUT) : 1 275 m 02 Wagrain-Kleinarl (AUT) : 1 009 m 03 Kitzbühel Hahnenkamm (AUT) : 1 633 m 04 Chiemgau Achental (GER) : 521 m 05 Lermoos – Tiroler Zugspitz Arena (AUT) : 990 m 06 Säntis (SUI) : 2 500 m 07 Fiesch – Aletsch ­Arena (SUI) : 1 057 m 08 Dent D’Oche (FRA) : 2 079 m 09 Mont Blanc (FRA) : 4 714 m 10 Piz Palü (SUI) : 3 901 m 11 Kronplatz (ITA) : 2 258 m 12 Schmittenhöhe (AUT) : 1 950 m Arrivée : Zell am See (AUT) : 751 m

NICOLAS HOLTZMEYER/RED BULL CONTENT POOL, MIRJA GEH/ RED BULL CONTENT POOL, PHILIPP REITER/RED BULL CONTENT POOL

Paul Guschlbauer pratique le vol à voile dans la région de l’Alpe d’Huez en France.

Sur la corde raide : Guschlbauer lors des Red Bull X-Alps 2019, où il a terminé troisième. THE RED BULLETIN

niveau de difficulté serpentent le long des montagnes à partir de Marquart­stein. Les participants auront le choix entre une boucle de dix kilomètres pour débutant avec de belles sections en forêt, un semi-marathon aux distances plus ambitieuses jusqu’au sommet du Hochplatte, ou encore un itinéraire de 42km avec une vue magnifique sur le lac Chiemsee depuis le sommet du Hochgern. La victoire aux Red Bull X-Alps se joue généralement dans les airs. La différence du niveau athlétique entre les concurrents est négligeable, chacun est capable si nécessaire de courir plus de 100 kilomètres sans s’arrêter. Mais ceux qui négocient le mieux la progression dans les airs seront plus rapides. Une bonne connaissance des Alpes, des courants thermiques de chaque vallée et la prise de décisions tactiques opportunes sont autant de facteurs critiques. Est-il plus judicieux, en cas de mauvais temps par exemple, d’atterrir et de rejoindre à pied   85


PERSPECTIVES voyage

Le paradis des randonneurs : vue de la station de Bettmeralp dans la région du glacier d’Aletsch.

redbullxalps.com ; paulguschlbauer.at

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Red Bull X-Alps : le grand jubilé Cette année, l’événement alpin fête ses dix ans d’existence. Lancés en 2003, les Red Bull X-Alps ont lieu tous les deux ans. Après le prologue, la 10e édition débute le 20 juin à Salzbourg pour s’achever à Zell am See également dans le land de ­Salzbourg.

« En vol, vous pouvez remuer les bras, mais jamais relâcher l’attention. » Paul Guschlbauer doit toujours ­rester concentré lorsqu’il vole.

1 238 KM À VOL D’OISEAU Aux douze points de contrôle répartis entre l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la France et l’Italie, les participants volent à proximité d’un repère placé spécialement sur les sommets élevés, comme le mont Blanc. 33 PARTICIPANTS 30 hommes et 3 femmes de 17 nationalités différentes au départ ; toutes les 48 heures, le dernier athlète est éliminé.

LES 6 DERNIÈRES éditions ont été une démonstration de puissance du Suisse Christian « Chrigel » Maurer, qui les a outrageusement dominées. 2011, 2015, 2017 & 2019 Paul Guschlbauer, originaire de Styrie, a terminé quatre fois à la troisième place. DOUBLE RAISON DE JUBILER Le Roumain Toma Coconea, 46 ans, fêtera aussi sa décennie à Salzbourg. Il est le seul athlète à avoir participé à toutes les éditions depuis la création de la compétition. Suivez les Red Bull X-Alps en live en scannant le QR code

DE 6 À 21 HEURES Les vols sont autorisés ; la marche l’est de 5 à 22 h 30.

THE RED BULLETIN

GETTY IMAGES, NICOLAS HOLTZMEYER/RED BULL CONTENT POOL

la montagne suivante, ou d’attendre une heure pour ensuite profiter d’un meilleur courant thermique  ? Plus la course progresse vers l’ouest, plus les montagnes sont élevées. Et plus les difficultés de vol augmentent, les changements de vent se faisant alors plus fréquents et plus violents. La tension est constante. Sur le plancher des vaches, vous pouvez, en cas de fatigue, vous asseoir et reprendre votre souffle, mais en vol, le répit n’est pas permis. Vous pouvez remuer vos mains et vos bras, mais jamais relâcher l’attention. L’un des points de passage se trouve en Suisse, au glacier de l’Aletsch Arena, le plus vaste des Alpes. Pour qui a du temps, les randos y sont magnifiques. On peut s’y rendre en train de montagne au départ de Fiesch, mais dans le cadre des Red Bull X-Alps, la distance s’effectue à pied sans avoir le temps de profiter de la vue magique sur les Alpes bernoises, et leurs 4 000 m d’altitude. Ce site, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, compte plus de 300 km de sentiers de randonnée. Dans mon cas, la marche durant les Red Bull X-Alps n’est qu’un moyen d’atteindre l’objectif. Rallier la montagne suivante pour redécoller. Voler, toujours voler.


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FREERUNNING À ATHÈNES DE L’ACTION SPECTACULAIRE : RED BULL ART OF MOTION Dans le port de Mikrolimano au Pirée, en Grèce, les freerunners (sur notre photo, Dimitris Kyrsanidis et Silke Sollfrank) montrent que les bateaux ne sont pas un obstacle mais un défi. Rendez-vous lors de Red Bull Art of Motion, le 10 juillet sur Red Bull TV. redbull.com

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DAMIAN KRAMSKI/RED BULL CONTENT POOL, ALEX GRYMANIS/RED BULL CONTENT POOL, ALAN MAAG/CYCLE WEEK

Tantôt hamac, tantôt action : les bons plans du mois chaudement recommandés par la rédaction.  Texte WOLFGANG WIESER


PERSPECTIVES tendances TOUT, TOUT, TOUT SUR LE VÉLO LA CYCLE WEEK À ZURICH Le plus grand festival de vélo de Suisse aura lieu du 4 au 8 août. Qu’il s’agisse de VTT, d’e-bike ou de vélo de course : les amateurs de vélo peuvent tester les derniers produits, suivre des cours ou participer à des ateliers. cycleweek.ch

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UNE LÉGENDE DE LA VOILE Ce n’est pas une belle histoire, mais elle se termine de manière impressionnante : un an après son opération du cancer, Santiago Lange remporte l’or aux JO de Rio de Janeiro : un triomphe de combativité incomparable. pantauro.com

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PERSPECTIVES calendrier

Les meilleurs vététistes freeride au monde (en photo, Gee Atherton) s’affrontent pour le titre de champion du monde de slopestyle. Le départ du Crankworx World Tour a lieu à Innsbruck. Du 17 au 20 juin, les participants montreront leurs compétences dans diverses disciplines. Regardez en direct sur Red Bull TV.

11 et 12 juin RED BULL CLIFF DIVING EST DE RETOUR Des lieux pittoresques, des athlètes intrépides et des sauts à couper le souffle depuis des hauteurs vertigineuses, le Red Bull Cliff Diving revient en force en 2021 après l’annulation des World Series l’an dernier. Vingt-quatre des meilleurs plongeurs au monde, 12 hommes et 12 femmes ( en photo, l’Australienne Rhiannan Iffland), fêteront le retour des World Series les 11 et 12 juin à Saint-Raphaël, en France. L’événement sera diffusé en direct et en exclusivité sur Red Bull TV.

Exploration sous-marine SPECTACULAIRE DÉCOUVERTE Dans le documentaire Underwater Explorer, The Red Bulletin accompagne le spéléologue et explorateur danois Klaus Thymann dans une grotte sous-marine du Mexique où se trouvent des squelettes humains datant de la préhistoire. L’emplacement exact de la découverte reste secret afin de protéger les ossements des pilleurs. redbull.com 90

24 au 27 juin COMEBACK Le légendaire Rallye Safari au Kenya est de retour après une longue pause du calendrier WRC. La sixième manche du championnat du monde des rallyes se déroulera du 24 au 27 juin et sera diffusée en direct sur Red Bull TV. D’ailleurs, le dernier vainqueur en 2002 était le champion du monde de 1995, le Britannique Colin McRae. THE RED BULLETIN

REDBULLCLIFFDIVING.COM, BORIS BEYER/RED BULL CONTENT POOL, JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, KLAUS THYMANN

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B O U L E VARD DES HÉRO S

MARLENE DIETRICH

DIÈTE À LA DIETRICH

MICHAEL KÖHLMEIER raconte les destins de personnages inspirants – dans

le respect des faits et de sa liberté d’écrivain. Ce mois-ci : comment la Vénus blonde tailla en pièces une journaliste aux formes un peu trop généreuses.

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husnelda Harris avait tout juste Harris vint supplier le rédacteur de LIFE vingt ans lorsque Henry R. Luce, de l’aider – au nom des nombreux services autrefois rendus. Après tout, quel rédacteur en chef du célèbre magazine américain LIFE, lui donna meilleur exercice, pour une apprentie la délicate mission d’aller interécrivaine, que de réussir à interviewer viewer Marlene Dietrich. Henry Luce et le l’inapprochable Marlene Dietrich ? père de la jeune femme se connaissaient actrice était alors à l’apogée de sa depuis leurs études : ce dernier avait deMICHAEL KÖHLMEIER mandé à son ancien camarade de donner L’écrivain autrichien est carrière : son spectacle de music-hall, considéré comme l’un un petit coup de pouce à la carrière de sa qu’elle donnait dans les plus luxueux des meilleurs conteurs fille qui, selon ses mots, « n’avait aucune hôtels de Las Vegas, faisait salle comble germanophone. Derchance de finir reine de beauté ». tous les soirs et le public américain était nière parution en franNous étions en 1958. L’Amérique se çais : La petite fille au dé fou d’elle. « L’apothéose d’une diva », posait comme l’ultime modèle à suivre, avait écrit l’Américain Gore Vidal : ce à coudre, Éditions Jacqueline Chambon, 2017. affichant avec fierté ses idéaux politerme serait, après Marlene Dietrich, tiques, économiques, militaires… et son à tout jamais vidé de son sens. L’année mode de vie. Faisant écho aux avertissements des précédente, elle avait triomphé dans le film de Billy médecins, qui constataient avec inquiétude que la Wilder, Témoin à charge, superbe adaptation du jeunesse américaine grossissait chaque année un roman d’Agatha Christie et dans lequel elle donnait peu plus, l’Amérique n’avait que ce mot d’ordre à la toute la mesure de son jeu dramatique. bouche : faites du sport et gardez la ligne ! Elle y interprétait Christine Vole, l’épouse froide, Thusnelda Harris avait terminé major de sa proinsondable et calculatrice d’un homme – joué par motion à l’université de Hartford (Connecticut) et Tyrone Power – accusé de meurtre. Glaciale et hautaine, elle incarnait soudain une version nouvelle avait été admise de suite à la prestigieuse université de la femme fatale : avec son visage émacié de chat de Columbia (New York). C’était une jeune femme et sa voix grave, son corps androgyne et anguleux, brillante, au physique hors norme : son visage masculine jusque dans son attitude puisqu’elle ne était en effet aussi ravissant que son corps était laissait rien paraître de ses sentiments, Marlene énorme. Jolie et obèse, Thusnelda rêvait de devenir ­Dietrich était l’antithèse de la pin-up et pourtant, écrivaine, au grand dam de son conservateur de quel sex-appeal ! D’une complexité inédite, son perpère, empêtré dans des clichés d’un autre âge. Les sonnage se révélait, scène après scène, passionné, femmes de plume – disait-il – ne peuvent être que courageux, fidèle et d’une intelligence qui désardeux choses : soit particulièrement vilaines, soit sublimes… mais jamais entre les deux ! çonnait le plus aguerri des hommes. Jamais encore Ils étaient nombreux, à l’époque, à partager cette un rôle féminin n’avait été si énigmatique, et Billy opinion, et Henry Luce n’y faisait pas exception. Wilder semblait, en choisissant Marlene Dietrich, Alors, par amour pour sa fille et pour l’aider dans sa avoir trouvé la seule actrice capable, à l’époque, folle entreprise de devenir femme de lettres, Papa d’interpréter une telle ambiguïté.

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MICHAEL KÖHLMEIER

BENE ROHLMANN, CLAUDIA MEITERT

GETTY IMAGES

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B O U L E VARD DES HÉRO S

Une critique parue dans le quotidien allemand FAZ et qui faisait allusion au premier grand succès de l’actrice – L’Ange bleu, de Josef von Sternberg sorti en 1930 – résume bien la métamorphose : « L’ange bleu est maintenant devenu l’ange noir. » Certains disaient même que ce film avait réussi à reléguer Marilyn Monroe et Mae West au rang de pin-up pour ados. Marlene Dietrich fut le premier, et sans doute le seul sex-symbol véritablement « adulte », si tant est que l’appellation ait encore une quelconque pertinence.

É

videmment, cette légende vivante ne se laissait pas approcher facilement, même par le rédacteur en chef d’un célèbre hebdomadaire : il fallut donc l’entremise de nombreuses personnes pour arriver, par le biais de son compositeur Burt Bacharach, à atteindre la star. L’interview ne fut accordée que pour une seule raison : « Le physique ambigu d’une jeune journaliste qui rêvait de devenir écrivaine. » Lorsque Thusnelda Harris parut devant Marlene Dietrich, celle-ci s’esclaffa : « Vous êtes encore plus grosse et encore plus jolie que tout ce qu’on m’avait promis ! À vous voir, je ne vois pas ce qui pourrait vous empêcher de devenir une grande écrivaine. » Miss Harris ne se démonta pas et commença l’entretien : « Quelle a été la chose la plus importante à ­laquelle vous avez dû renoncer, dans votre vie ? » La star réfléchit un long moment, avant de lancer : « Que voulez-vous dire par “important” ? » « Je veux dire : quelle est la chose que l’on ne ­devrait faire sous aucun prétexte ? » Encore un long silence. Puis sa réponse, catégorique : « Manger du sucre. » La jeune journaliste la regarda innocemment : « C’est à moi que vous pensez, en disant cela ? Vous pensez que je suis trop grosse parce que je mange trop de sucre, c’est ça ? » « Montrez-moi vos dents ! », répondit la diva. Elle était assise à quelque distance de Miss Harris et portait une tenue qui rappelait justement son rôle de Christine Vole dans le film de Billy Wilder. La rédaction du LIFE avait en effet annoncé la venue d’un des meilleurs photographes de leur équipe, ce que la star comptait bien mettre à profit pour polir son image de vamp auprès des lecteurs du magazine. « Approchez-­ vous », fit-elle à la jeune femme. Miss Harris se leva pour se rapprocher légèrement. « Plus près ! » La jeune femme obtempéra et vient se mettre face à l’actrice.

« Vous vous moquez de moi, Madame Dietrich, mais ça ne fait rien. » 94

« Encore plus près ! Et maintenant, penchez-vous vers moi et ouvrez la bouche ! » Miss Harris regarda Marlene Dietrich et ouvrit la bouche : les doigts de la diva s’y engouffrèrent alors, écartant les joues, fouillant les incisives, tâtant les ­canines… Une fois cet examen dentaire – certes quelque peu embarrassant – terminé, une seule question fusa, en guise de diagnostic : « Vous ne mangez pas beaucoup de sucre, n’est-ce pas ? À moins que vous ne vous brossiez les dents quatre fois par jour ? » « Effectivement, je n’aime pas le sucre », répondit Miss Harris. À ces mots, Marlene Dietrich abaissa les bras et se mit à soupirer en secouant la tête : « C’est donc bien le gras. Ce n’est pas possible, murmurait-elle tout bas comme si elle se parlait. Ce n’est pas possible, je ne veux pas le croire… » « Je ne comprends pas. » « Vous ne comprenez pas ? Vraiment ? Pourtant, vous devriez être en mesure de me comprendre. Je viens d’Allemagne et je suis partie en Amérique pour ne rien avoir à faire avec Hitler et les fous de son espèce. Je n’ai pas appris à voir le monde comme les nazis le voyaient, parce que je suis devenue américaine. Une des vôtres. Et puis Hitler est entré en guerre contre l’Angleterre, l’Amérique s’est rangée du côté des Anglais et nous avons vaincu Hitler. À présent, il y a une querelle entre l’Angleterre et l’Amérique, entre l’Europe et les États-Unis. Vous ne saviez pas ? » « Non, je l’ignorais. » « C’est la guerre du sucre contre le gras, murmura alors Marlene Dietrich à la jeune journaliste, en lui faisant signe de s’approcher encore. Les Anglais affirment que c’est le sucre qui fait grossir, alors que les Américains assurent que c’est le gras. Alors, est-ce le sucre ou le gras ? C’est toute la question. »

A

ssises dans une jolie pièce isolée du Waldorf-­ Astoria de New York, les deux femmes se faisaient face, ne semblant pas faire attention aux personnes qui les entouraient. « Vous vous moquez de moi, Madame Dietrich, mais ça ne fait rien. C’est tout de même un honneur que d’être l’objet de vos plaisanteries », finit par répondre la jeune femme. Mais la diva la rabroua aussi sec : « Ne dites pas de sottises ! Le pays qui remportera cette guerre, que ce soit l’Amérique ou la vieille Europe, aura son avenir assuré. Parce que l’avenir appartient aux gens minces, aux beaux corps musclés. L’avenir sera peuplé de retraités qui auront tous l’air d’avoir à peine quarante ans, et pourquoi ? Parce qu’ils sauront rester minces. Tu pourras être la plus jolie des femmes, tu n’arriveras à rien si tes cuisses et tes bras restent flasques. Je voulais juste être gentille avec toi, ma petite. Tu peux entendre la vérité ? Oui, tu peux. La voici : les femmes grosses ne deviennent pas écrivaines. Et je vais te dire

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pourquoi : parce que les gens, et surtout les gros, n’aiment pas les écrivaines qui sont grosses. Les gros ne veulent voir que des gens minces, mais parce qu’il y en a de moins de moins, et qu’il y a de plus en plus de gros, les gens commencent à se détester. Ce sont les gros qui attrapent le plus de maladies, qui sont l’objet de moqueries, ce sont eux qui meurent avant les autres. Alors la grande question, c’est : le sucre ou le gras. Dis-moi maintenant, ma petite : tu ne manges vraiment jamais de sucre ? Allez, je ne le répéterai pas. Dis-moi la vérité, dis-le-moi dans le creux de l’oreille. La vérité et rien que la vérité ! » Et Thusnelda Harris se pencha tout contre l’oreille de Marlene Dietrich : « J’adore le sucre. J’en mange en secret. Je vous ai menti, et je mens tout le temps. Mes parents croient que je n’aime pas le sucre, mais j’en raffole, je suis véritablement accro au sucre. Je ne peux pas m’arrêter d’en manger. Je n’en peux plus. Aidez-moi. Par pitié, aidez-moi ! » Marlene Dietrich soupira et hocha la tête. Pendant un long moment. « Nous devrions faire la paix avec les Anglais, dit-elle finalement. Mange du gras, ma petite, et arrête le sucre ! Le sucre est la chose la plus

« Le sucre est la chose la plus importante à laquelle j’ai dû renoncer dans ma vie. » importante à laquelle j’ai dû renoncer dans ma vie. » Sur ces mots, la star se leva et se tourna encore une fois vers le photographe – Richard Avedon, qui était à l’époque le plus célèbre des photographes de mode de la scène new-yorkaise : paupières baissées, joues creusées avec force, elle tendit à l’objectif son éternel visage de chat émacié. L’instant d’après, elle avait disparu. L’interview entre Thusnelda Harris et Marlene Dietrich n’a ­jamais vu le jour. Dans les années qui suivirent, la jeune journaliste perdit trente kilos et devint une écrivaine reconnue. Un de ses romans relate l’étrange rencontre entre une jeune journaliste un peu trop forte et une star de cinéma.

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Direction générale Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.) Rédacteurs en chef Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.) Direction créative Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.) Direction artistique Marion Bernert-Thomann, Miles English, Tara Thompson Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Cornelia Gleichweit, Kevin Goll Rédaction photo Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör Rédaction web Christian Eberle-Abasolo (dir.), Marie-Maxime Dricot, Melissa Gordon, Lisa Hechenberger, Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan Responsable des contenus audios Florian Obkircher Projets spécifiques Arkadiusz Piatek Gestion de la rédaction Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann Gestion de l’édition Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Anna Wilczek Directeur exécutif Stefan Ebner Directeur Ventes médias & Partenariat Lukas Scharmbacher Directrice de Co-édition Susanne Degn-Pfleger Gestion de projet Co-édition, Marketing & Communication B2B Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz, Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B), Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner (communication), Jennifer Silberschneider Solutions créatives Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka, Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart Gestion commerciale Co-édition Alexandra Ita Rédaction Co-édition Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann, Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser Directeur exécutif de la création Markus Kietreiber Gestion de projet création Elisabeth Kopanz Direction artistique Co-édition Peter Knehtl (dir.), Erwin Edtmaier, Andreea Parvu, Dominik Uhl Design commercial Simone Fischer, Martina Maier, Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly, ­S tephan Zenz Abonnements & Distribution Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Nicole Glaser, Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar Service de publicité Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Fabrication & Production Veronika Felder (dir.), Friedrich Indich, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham, Yvonne Tremmel Gestion de projet Dominik Debriacher, Gabriela-Teresa Humer Assistante du Management général Sandra Artacker Éditeur et directeur général Andreas Kornhofer Adresse Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809 Web redbulletin.com Propriétaire, éditeur et rédaction Médias Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber

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TROIS NOUVELLES SAVEURS.


NICOLAS MAHLER

L A GA L ERIE DE P O RT R A I TS D E NIC O L AS M A HL ER

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